Sorti il y a près d’un an en Chine, le nouveau Tsui Hark est enfin présenté en 3D au Paris International Fantastic Film Festival. Une projection finalement assez unique puisque le film ne connaitra pas de sortie cinéma par chez nous, se contentant modestement d’une sortie direct-to-dvd/bluray. The Flying Swords of the Dragon Gate est le remake de Dragon Gate Inn, succès Hong-Kongais important des années 60, mais aussi de Dragon Inn, une production Hark majoritairement réalisée par celui-ci. Son nouveau film est donc une sorte d’auto-remake. Mais depuis, 20 ans ont passé, et la technologie numérique a porté ses fruits, à la fois dans les images de synthèse mais aussi dans la 3D. Qu’en est-il ?
The Flying Swords of the Dragon Gate s’ouvre sur un générique à la stylisation plaisante et un plan-séquence aérien full-CGI qui comporte autant de qualités que de défauts. Tsui Hark a donc décidé de ne pas faire les choses à moitié ici. S’en suit la mise en place d’une histoire qui m’a quelque peu laissé sur le carreau en termes de narration. On retrouve beaucoup d’ingrédients du conte d’aventure, fort bien fort bien, mais la surcharge de personnages et d’éléments incorporés à la trame scénaristique a fini par me laisser sur le bas-côté. Cela combiné avec un certain manque d’enjeux pour les personnages m’a achevé, et j’en suis le premier à le regretter. Du coup, j’attendais platement l’enchainement de scènes d’action, subissant des dialogues trop denses, et trop mous. Ce qui me fait revenir sur un autre problème : le rythme. Au sein de l’écriture, la manière de traiter le rythme dans les séquences m’a souvent gêné. A plus d’une reprise, je me suis dit « mais c’est làààà que ça la séquence doit finir, làààà ! ». Non pas que je cherche à favoriser un quelconque enchainement Hollywoodien de 23000 séquences, juste que leur traitement gagne en dynamique, chose pourtant bien connue par Tsui Hark. Hark a voulu certes faire les choses proprement en les traitant sur la longueur de certains détails et sur le nombre de personnages, mais la qualité d’une écriture tient aussi parfois sur sa capacité à rester efficace et dynamique en toutes circonstances, sans que le spectateur ne la subisse. Car en ce qui me concerne, j’ai senti les 2 heures passer, et j’étais persuadé en sortant que le film faisait 2h30.
Pour revenir à la réalisation, domaine dans lequel Hark sait véritablement se lâcher, de manière générale c’est plutôt de bonne facture. On constate tout de même qu’un outil comme les images de synthèse est une véritable boite de Pandore pour l’ami Tsui. Devenant désormais un réalisateur « no limits » dans sa capacité à mettre en scène tout et n’importe quoi, Hark, même s’il a toujours été un fervent utilisateur d’effets spéciaux (pas forcément numériques), en surcharge parfois trop son écran. Rien de gerbant cela dit, et on peut constater une évolution depuis Detective Dee. D’autant plus que la 3D (de facture plutôt correcte) arrive à cacher la misère de certains effets. Un peu moins ne feraient néanmoins pas de mal, ou alors avec une maitrise plus rigoureuse. Pour le reste, on retrouve un réalisateur qui sait découper son film et concevoir ses mouvements de caméra pour mettre en valeur ses chorégraphies de fou. A cela, il faut rajouter plus d’un procédé de mise en scène qui à défaut d’être toujours très propre, procurent une bonne dose de fun.
Je m’arrête un instant sur un défaut qui m’a gêné : le traitement général du son. Passé une musique qui comporte des compositions correctes pour le genre comme des compositions synthétiques qui se rapprochent presque de l’amateur ou du jeu-vidéo, on sent, à cause du mixage, que le film a été post-synchronisé. Le placement des voix n’est pas bon, et ne correspond pas vraiment la plupart du temps au découpage. D’autant plus qu’on sent que les acteurs s’adressent à un micro, car parfois le jeu ne suit carrément pas comparativement à ce qui se passe visuellement.
Est-ce que le nouveau Hark est décevant ? Je ne saurais dire. Car si bien des points m’ont laissé sur le bas-côté, c’est un film qui comporte de nombreuses qualités et est loin d’être mauvais. A la suite de la projection, des amis m’ont dit avoir vraiment apprécié, donc pourquoi pas. J’ai pris du plaisir à plus d’un moment dans la projection, mais j’ai trop ressenti la longueur (voire l’ennui) pour être vraiment emporté. A noter que, cerise sur le gâteau, la projection 3D déconnait par moments, et j’ai eu la chance de découvrir l’effet que procure la 3D lorsque deux images de séquences différentes sont diffusées en même temps. J’ai cru que ma tête allait faire un remake de Scanners.