Si le cinéma d'Hong Kong a véritablement connu un âge d'or dans les années 1980 puis 1990, il faut tout de même rendre hommage à King Hu, qui en aura été l'un des précurseurs en remettant le wu xia pian sur le devant de la scène, à l'image de sa trilogie de l'Auberge dès la fin dès la seconde partie des années 1960.


Le second volet, Dragon Gate Inn, a notamment la particularité d'avoir connu une double relecture par Tsui Hark, grand admirateur de King Hu, génialement en 1992 puis efficacement en 2011. Ici, il est question d'une traque entre un tyran et son armée, face aux enfants d'un ministre faussement accusé, qui vont trouver refuge et aide dans une auberge. King Hu en vient assez vite à l'essentiel et, de manière générale, ne perd pas de temps avec des détours inutiles, mais se concentre sur les confrontations, qu'elles soient de loin ou non.


Assez vite on s'intéresse aux personnages, on en sait peu sur eux et c'est tant mieux, ils ne sont d'ailleurs que prétexte à la mise en place de l'action, là où King Hu montre à nouveau tout son savoir-faire. Les chorégraphies, bien que peu nombreuses, sont très bonnes, et il parvient surtout à créer un climat oscillant entre mystère, tension et violence lorsque les combats arrivent. Comme il le fera remarquablement avec Touch of Zen, il se montre habile pour utiliser les décors et en faire parfois des personnages à part entière, d'abord l'auberge puis la nature pour le final. Il laisse parfois planer un soupçon de fantastique lorsque les protagonistes dégainent les armes, participant pleinement à l'ambiance planant sur l'oeuvre.


S'il y a bien quelques maladresses, notamment par rapport à l'écriture, ce n'est pas vraiment préjudiciable pour apprécier Dragon Gate Inn, surtout que King Hu propose une mise en scène assez énergétique, avec quelques remarquables séquences comme point d'orgue, à l'image de la tentative d'empoissonnement. Méticuleux, le réalisateur chinois s'appuie aussi sur une jolie photographie, une bande-originale collant parfaitement aux très belles images, ainsi que sur de bons comédiens qui parviennent à être crédibles.


En signant Dragon Gate Inn, King Hu propose une énergétique, mystérieuse et intense lecture du film de sabre, s'appuyant sur un ambiance prenante et les éléments qu'il a à sa disposition pour sublimer un scénario minimaliste et intrigant.

Docteur_Jivago
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le 8 mai 2018

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