Succès du moment, critique unanime en sa faveur, public aux anges, aucun Dreamworks n’a semblé connaître un tel état de grâce depuis Shrek 2, le carton de Kung Fu Panda n’ayant en aucun cas été accompagné d’une telle reconnaissance. Rien de bien original pourtant a-priori, au final non plus : un produit lisse et assez divertissant, mais avec son truc en plus en mesure de transfigurer la donne.
Un garçon peu courageux incapable de satisfaire les exigences de la tradition en tuant des dragons va s’ouvrir à une amitié improbable. Mais pour une fois, son compagnon ne passera pas son temps à essayer de se démarquer par des facéties "cools" ou pittoresques, tentant d’affirmer une pseudo-originalité exaspérante façon timide recyclage de dandy de la variété en crise d’adolescence prolongée.
Ainsi, plutôt qu’un énième buddy-movie misant sur les caractères antagonistes de ses deux héros jusqu’à s’agrémenter d’accents champêtres prononcés, Dragons choisit le camp de l’émotion. Et c’est lorsqu’il ne se consacre qu’à la relation entretenue par le dragon et le jeune adolescent que le film acquiert le souffle épique voir lyrique qui fait pour le reste défaut à un conte initiatique un peu surfait.
D’ailleurs, tout le reste semble délaissé, laissé-pour-compte sans le souci d’hisser son petit univers hors des sentiers battus, comme si rien d’autre ne comptait plus. Les rapports du jeune Harold avec les autres membres de sa communauté sont ouvertement balisés, que ce soit avec son père ou cette fille de son âge, d’abord farouche, ensuite alliée et seule à connaître son "jardin secret".
Pauvre en anecdotes au sujet de sa civilisation, plaisant lorsqu’il s’en remet à des ambitions purement foraines, Dragons évite de tergiverser pour prendre toute son ampleur lors des pics que constitueront les scènes de vol ou cette magnifique scène du combat exaltant des liens traités avec une délicatesse rare dans le domaine.
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