Le duo qui nous a offert le turbulent et anarchique Lilo et Stitch au moment ou l'animation traditionnelle 2D se portait au plus mal pour Disney arrive chez Dreamworks avec, paradoxalement, leur projet 3D le mieux construit et le plus classieux !
Pour l'info sympa : ils ont fait appel à Roger Deakins pour les conseiller sur la pose de la lumière afin que l'animation ressemble enfin à un vrai film !
Je veux dire par là que, contrairement à Ratatouille ( Pixar ) qui faisait évoluer des cartoons dans des décors photoréalistes ou Kung Fu Panda ( Dreamworks ) qui faisait dans le 100% cartoon, Dragons parvient à cette quadrature du cercle qui donne à l'animation infographique une vraie vision d'ensemble. Une cohérence dans le cartoonesque-ultra-détaillé qui est la bienvenue.
De plus, à part le très sympathique Monstres vs Aliens l'année dernière, Dreamworks était plus ou moins en stand-by artistique depuis... le premier Shrek ! Ça fait du bien de les voir respirer après avoir bu la tasse pendant tant d'années !
Le contenu du film lui même est aussi joli qu'il est simple, mais rondement mené, à tel point que je vais céder la place à ma fille pour le prochain paragraphe, tant son analyse au sortir de la salle était pertinente :
" C'était super, mais ça faisait un peu peur. Pas quand les dragons attaquaient, mais quand ils attaquaient les dragons parce qu'ils savaient pas qu'en fait ils étaient gentils ! "
J'aime dans ce film que la phase d'apprentissage ne se fasse pas au prix d'un montage expéditif sur fond de musique 80's, mais bien d'allées et venues entre le dragon et le village qui se répondent mutuellement. Ça n'est pas moins dynamique, et bien plus riche en rapports humains ( ici avec un dragon ).
J'aime aussi le chara-design des dragons et le côté " facultés personnelles " proche du jeu de rôle ( mis en avant par un des enfants à mourir de rire ) qui les fait basculer de terribles à éminemment sympathique en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Du travail d'orfèvre.
La partition de John Powell est irréprochable. Ce mec est vraiment à l'aise partout !
Et il y a quelque chose de vraiment brillant dans ce film, qui intervient à la fin.
D'ordinaire, quand il s'agit de montrer un personnage s'affranchir de son hérédité qui vit dans l'erreur, il est d'usage de le mettre en état de supériorité intellectuelle et ensuite, soit il fuit sa conne de famille, parfois violemment ( Dead Poets Society ) soit il lui fait entendre raison par miracle au dernier moment... ( Sister Act 2, beurk )
Là, le héros est toujours un freluquet rêveur et maladroit, il s'acoquine avec le dragon suite à un élan de faiblesse : la compassion !
Mais au final, s'il montre que ses aïeux étaient dans l'erreur, il n'en demeure pas moins Viking et résout le problème final à la Viking ! Ça n'est pas renier son origine que de proposer autre chose... Il finit même avec un pied en moins, pour être définitivement l'égal de son homologue dragon estropié, et avec une prothèse de ferraille stylée, ce qui vaut toutes les récompenses pour un bon Viking !
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Je suis allé revoir le film en VO et en 3D, et je dois reconnaitre que l'affrontement final en jette pas mal en 3D et que les réalisateurs se sont vraiment posé la question de comment mettre en scène en 3D et en scope, ce qui me semblait pourtant antinomique après Avatar.
Petit truc bizarre en VO, mais qui ne me dérange pas plus que ça : les adultes ont des bonnes grosses voix écossaises et les ados des accents ricains complètement normaux. C'est plus marrant que dérangeant...