Doctorant, père de famille, mais surtout loser, Paul Matthews regarde sa vie défiler devant lui, passif. Soudain, il apparaît dans les rêves de millions de personnes dans lesquels là aussi il reste passif. Cette soudaine célébrité va le faire sortir de sa vie planplan et devenir la personne "la plus intéressante du monde". Naïf ou opportuniste, Paul Matthews tente de tirer parti cette étiquette de star des rêves jusqu'à ce que ça tourne au cauchemar. Jusqu'alors passif dans les rêves des autres, il devient psychopathe, meurtrier et devient alors la star des traumas. C'est le début d'une descente aux enfers. 

Si le film est présenté comme une comédie on ressent dès la première scène du film, celle du premier rêve, un malaise qui reste présent et s'intensifie au fur et à mesure que l'intrigue avance, matérialisé par des pauses et des silences. Dans la deuxième partie, finie la comédie et place au thriller, voire à l'horreur avec quelques "jump scare" pour ma part. 

Dream Scenario raconte la descente aux enfers d'un homme qui n'a rien demandé. À la fois bourreau et victime, il devient son propre cauchemar dans tous les sens du terme comme le suggèrera d’ailleurs le titre de son livre. C’est une satire de la cancel culture qui peut faire absolument tout perdre à quelqu'un qui va s'effacer lui même pour survivre, une satire aussi de la célébrité et de ses travers: plus haute est l'ascension, plus dure sera la chute. Une chute qui est douloureuse à regarder, on a forcément de l'empathie pour ce pauvre Paul Matthews qui se retrouve ennemi public n°1, exclu de son boulot, de sa famille et de la société toute entière. Cet anti-héros qui est l'archétype du loser, est brillamment incarné par Nicolas Cage qui ne laisse que peu de place aux autres acteurs.

Si l’intrigue se concentre plus sur la satire de la cancel culture et de la célébrité que l’analyse des rêves, on reste un peu sur notre fin avec beaucoup de questions sans réponses. On ne saura jamais pourquoi Paul apparaît dans les rêves de toutes ces personnes, ni pourquoi il devient psychopathe. Même chose pour la fin du film. Personnellement j'aurais misé sur un suicide pour marquer un terme à la descente aux enfers de Paul qui finit par avoir tout perdu malgré une bien faible lueur d'espoir qu'il place dans la DreamTech. Où alors sur une fin à la Inception où, après tout ça, le personnage principal se réveillerait laissant le doute planer: était-ce un rêve? 

En bref, c’est un film imparfait mais qui ne laisse pas indifférent, quelle que soit la grille de lecture que l’on choisi d’en faire. Mention spéciale à Nicolas Cage, mais aussi à l’esthétique du film qui par sa photographie et son cadrage, plonge le spectateur en immersion dans cette réalité dérangeante

Cmllft
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le 29 déc. 2023

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