Nicolas Cage in the Multiverse of Dreamness

La fin de 2023 arrive à grands pas ! Je ne vais pas vous faire tout un récapitulatif sur ce qui m'a plus ou pas, je préfère vous parler de deux trucs que j'aime beaucoup : les rêves, et la place des losers dans notre société. Yep.


Dream Scenario ou Scénario de Rêve au Québec, est une comédie dramatique teintée de fantastique mettant en vedette le seul et unique Nicolas Cage. La seule personne au monde pouvant aussi bien incarner un trafiquant d'armes, un vétéran du Viet-Nam et un concierge tabasseur d'animatroniques.

C'est donc l'histoire de Paul Mathews, un professeur en biologie qui vit une vie tranquille et banale avec sa famille. Du jour au lendemain, des milliers de personnes commencent à rêver de lui. Des mises en scène loufoques où ce dernier ne fait qu'acte de présence. C'est le début de la célébrité pour Paul, qui n'est pas au bout de ses surprises.

Petite surprise inattendue de cette fin du mois de décembre, je dois avouer que mon ressenti a varier tout au long du film. Néanmoins, ma note finale ne retiendra que le positif, parce que c'est les fêtes et gnagnagna et que bah, ça m'a plu ! Tout simplement !


Derrière cette extravagante histoire de projection onirique, il y a toute une réflexion sur la célébrité, l'impact culturel de certaines choses et le rapport entre le personnage et qui l'incarne. C'est le genre d'oeuvre qui peut expliquer beaucoup avec pas grand chose. Il n'y a pas de folie visuelle, de gros effets spéciaux, c'est une production loufoque au budget modeste évidemment produite par A24.


Alors par où commencer ?

Par le biais de cette histoire de rêves, Kristoffer Borgli nous conte un "rise and fall" cinématographique comme il en existe des miliers au cinéma. Sauf que cette fois-ci ce n'est pas des mafieux qui sont mis en scène mais un prof d'université cinquantenaire sans histoire. Pas un héros, un mec avec un passé tragique ou quoi que ce soit, Paul Mathews est monsieur-tout-le-monde. C'est juste un type qui rêve d'écrire un livre sur les fourmis, et qui se retrouve malgré lui dans une spirale infernale dont il est l'épicentre. D'abord adulé, devenant un phénomène viral presque exposé en bête de foire, il finit rapidement haï par les mêmes personnes qui rêvaient de lui auparavant.

Le figurant, le "monsieur personne" devient le pire croque-mitaine qui soit. Et toujours sans qu'il puisse maîtriser quoi que ce soit ! En étant la victime de ce phénomène surnaturel et de sa petite gloire, Paul est presque comparable à un héros de tragédie grecque.


Le parallèle à faire avec cette fiction et notre monde réel, c'est la culture des memes, évoquée à plusieurs reprises dans le film. Combien de fois une personne est-elle devenue une petite vedette grâce à une image d'elle-même tournée à la blague ? Les exemples sont nombreux ! Et même si dans certains cas, l'acceptation en tant que phénomène d'Internet se passe plutôt bien il y a eu des fois où ça a plutôt viré à l'anti-success story. D'ailleurs, le pitch du film peut être une référence au célèbre canular Ever dreamed this man ? et aux nombreuses histoires de rêves partagés qui existent depuis des décennies.

Et en plus de nous rappeler que tous les succès ne se finissent pas toujours bien, le réalisateur nous rappelle également à quel point on vie dans une époque où les gens sont des en**lés. Là aussi, le nombre de fois où la foule retourne sa veste au moindre désagrément ne se compte plus. C'est personnellement un sujet qui m'horripile au plus au point et qui a été traité avec virulence dans ce film.


Bon, comme dit au début, le film n'est pas parfait. Il est très inégal dans son rythme, certains passages sont carrément gênants et il y a des choses qui auraient pu être remodéles. Et pourquoi l'affiche nous promet des éclats de rire ? J'avais plus envie de pleurer que de me marrer à certains moments.

Ce que j'ai vraiment beaucoup aimé par contre ce sont les séquences de rêve, souvent très courtes, ne durant que quelques instants mais très sympas. Elles apportent un peu de fantaisie qui contraste avec le quotidien réel. Des scénettes bizarres dignes de vrais rêves. Je n'ai jamais rêvé d'être bloqué sur un piano face à des alligators, mais il m'est arrivé des choses similaires ! Mention spéciale pour le dernier rêve, d'une beauté sans nom, et qui résume en peu de temps le sentiment que de nombreux rêveurs ont eu au réveil :


I wish this was real.

En fin de compte, les rêves ne sont qu'un prétexte. C'est même un prétexte de génie, alors qu'on croit que notre subconscient est notre propriété privée, il est en fait un lieu empli de mystère dont nous ne possédons pas les clés. Imaginez si votre voisin nul dont la seule passion est la collecte des nains de jardin venait vous rendre visite tous les soirs dans vos rêves. Impensable ? Pas si sûr.

Dream Scenario est une oeuvre qui invite à la réflexion. La réflexion sur l'opinion, l'impact des médias, la capitalisation des drames et aussi à se remettre en question en tant qu'individu dans l'esprit des gens, qui qu'ils soient pour nous. Les rêves peuvent être un univers à la fois fantastique et terrifiant, un immense jardin où il est facile de se perdre et où on invite nos pensées les plus délirantes sur le devant de la scène.


Arthur-Dunwich
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le 29 déc. 2023

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