Jeune réalisateur cherchant à percer
Abel Ferrara se met lui-même en scène dans la peau d'un artiste fauché et torturé, brimé par son entourage et dont la frustration se libère dans des effusions de sang. Premier "vrai" film après la case porno pour le jeune Ferrara et déjà un melon gros comme la grosse pomme. Un New York cradingue et repoussant qui donne son principal intérêt au film, les errances parmi les sans-abris restent les moments les plus forts du film.
Malheureusement autour c'est du grand n'importe quoi. Ferrara passe des plombes à filmer lourdement un groupe rock dont le chanteur ne sait pas chanter. Au début on se dit que c'est ce qui pousse le personnage principal à percer tout le monde puis en fait on s'aperçois que ce n'est pas ça mais les séquences du groupes se font toujours plus nombreuses et toujours plus gonflantes. Il y a cette désagréable sensation que Ferrara a vu et aimé Blow Up et qu'il en reprend des éléments sans savoir quoi en faire.
Puis il y a une histoire d'amour mais la relation n'existe jamais entre une actrice incapable de faire passer une expression et un Abel Ferrara qui surjoue toutes les situations possibles sans leur donner de cohérence. Puis en fait non c'est la faute de Jésus, ou pas... ou alors d'une sexualité refoulé avec un responsable de galerie homosexuel et un triangle amoureux complètement foireux. Ou alors c'est la volonté de tuer le père avec cette intro mystérieuse... à moins qu'il y ait là une lourde parabole sur la création
Bref ça part dans tous les sens, mais on n'a pas vraiment la sensation que ça aille réellement quelque part, c'est trash mais ça n'apporte rien, les personnages sont transparents, le film a perpétuellement le cul entre 5 chaises sans en maîtriser réellement une seule. Pour bien accentuer son besoin de bousculer les gens la caméra de Ferrara en fait des tonnes, la mise en scène se veut arty mais elle est surtout fatigante. De plus, esthétiquement parlant c'est franchement laid la plupart du temps.
Même la portée ouvertement sexuelle de la perceuse n'est pas exploitée alors qu'il y avait vraiment moyen de s'amuser. Las, c'est juste un instrument qui semble être pris au pif. Il faut dire que tous les autres tueurs psychopathes de l'époque avaient dévalisé les magasins de bricolage, il ne restait plus que ça pour se démarquer.
Parfois on se croirait devant un plagiat vulgaire de Giallo qui se croit plus malin que le genre alors qu'il n'en a pas compris les principes fondamentaux.
En somme tout Ferrara est déjà là : une vilaine baudruche qui brasse du vent en essayant de se la jouer trash pour se donner une substance cruellement absente.