La communauté et le visage de l’homme sont des thématiques qui ont toujours modelé les films de Thomas Vinterberg. Après La Chasse, le duo composé de Thomas Vinterberg et Mads Mikkelsen revient faire des siennes avec Drunk pour notre plus grand bonheur.


Comme le nom du film l’indique, Drunk, il va être question d’alcool. 4 professeurs de lycée qui manquent de panache et de charisme à la fois dans leur salle de classe face à leurs élèves dissipés mais aussi dans leur vie de couple léthargique, vont tenter l’expérience de vivre avec 0,5g d’alcool dans le sang pour expérimenter les effets que cela pourrait avoir sur leur vie de tous les jours, idée farfelue provenant des écrits du philosophe Finn Skårderud.


C’est alors que commence cet ersatz entre La Grande Bouffe et The Full Monty alcoolisé qui voit cette fois-ci, non pas la danse et l’appropriation du corps comme vecteur social de désinhibition et d’incarnation, mais l’alcool comme catalyseur d’énergie, de relief social et miroir de la véritable insouciance qui pourrait définir l’humain au quotidien. Le film, dans son rythme effréné, nous emballera avec ivresse.


Ecrit comme une sorte de « Rise and Fall », car le film ne pourra (et ne pouvait) éviter les dérives d’une telle initiative, Drunk est un rollercoaster qui draine cet effluve survitaminé dans les veines de chacun de ses plans. Que cela soit par la fougue de ces 4 acolytes (incroyable Mads Mikkelsen), de sa caméra mouvante et musclée, de cette énergie communicative, de cette écriture qui sait faire le pont entre le drame qui se joue devant nos yeux et le pan comique du récit, Thomas Vinterberg ne perd jamais en rythme et en vivacité.


Film de potes, expérience sociale, portrait de quarantenaires qui voient une fougue et une jeunesse leur échapper, dessin d’une société solitaire, Drunk avait tout du projet facile et casse gueule. Pourtant, le cinéaste réussit son coup grâce à son regard aussi potache qu’habile sur ce sujet. Sujet au combien difficile, qui arrive à se relever non sans mal après la gueule de bois (son euphorique climax), même s’il est vrai que Drunk n’observe pas sa thématique par tous les versants et met soigneusement (malheureusement) de côté quelques dérives familiales ou même sociétales inhérentes engendrées ou accentuées par l’alcool (la violence, la hiérarchisation…).


Mais là où Thomas Vinterbeg arrive à se raccrocher aux branches, c’est dans sa démarche, aussi humaine que sincère qui comprend que l’alcool n’est qu’un accélérateur pulsionnel qu’on ne peut pas mettre à foison aux mains de tous et toutes et qui ne pourra jamais dissimuler à long terme les défaillances d’un ménage ou d’une vie terne. L’objectif n’est pas tant l’alcool ni même les effets qui en découlent. Mais dans cette société normative, qui parfois nous impose une manière de nous comporter et de nous sociabiliser avec les autres, Drunk respire ce lâcher-prise, ce recentrage sur soi et vers la communauté, cette envie d’aller vers l’autre, cette confiance qui devrait alimenter chacun de nos pas.


Là où les écrans numériques, les pleurs en fond de classe et le silence séparent les âmes, la solidarité et la festivité communautaire remplissent les coeurs et les liens. Que l’alcool coule à flot ou non, Drunk est un film qui rend hommage, avec vomis, à cette perte de contrôle, à ce consumérisme qui vise à être réellement soi, pour le meilleur et pour le pire.


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Velvetman
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le 14 oct. 2020

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