Si c'est pas triste, ça: 2 jours que le film est sorti, aucune critique de postée et 12 pauvres notes. Dans la salle, on était 3 (à Paris, je précise). What the fuck, Francine?
Allez, faisons la liste des comédies françaises à succès des 6 premiers mois de 2014, une grande année pour le cinéma franchouillard bien populo (eurghh! mes doigts dépriment rien qu'à l'idée de taper sur le clavier toutes ces daubes): "Supercondriaque", "Fiston", "Barbecue", "Babysitting", "Les 3 frères: le retour", "Sous les jupes des filles", "Le Crocodile du Bostwanga"(joker sur celui-là) et le SUPRA-MEGA-ULTRA SUCCES, avec plus de 10 millions d'entrées, de "Qu'est-ce qu'on a fait au bon dieu pour avoir pondu des chieuses qui veulent nous foutre la honte avec un bougnoule fourbe, un yupin qui aime l'argent plus que nous et un niakoué qui vient nous piquer nos boulots, mais bon ils sont sympa quand même" (hommage aux titres interminables des comédies franchouilles des années 70).
Je passerai sur l'ironie toujours plus malaisante de constater l'hypocrisie de ceux qui fabriquent ces produits à succès et qui sont les premiers à chier sur sur la France et à se barrer, une fois le gros beauf rincé et le gros chèque encaissé, dans des contrées plus fiscalement bienveillantes (toujours joker pour "le Crocodile..."). Mais bon, on a le pays qu'on mérite, hein...
Pascal Rabaté est un réalisateur à suivre. Il m'évoque une version franco-bucolique de Hal Ashby, le réalisateur de "Harold et Maud" et "Bienvenue, Mister Chance". J'y perçois la même manière d'utiliser des personnages très propres sur eux pour révéler des vérités assez crues sur la nature humaine.
Quand même moins réussi que son film précédent, l'excellent "Ni à vendre, Ni à louer", et moins emprunt de cette poésie bucolique, "Du goudron et des plumes" a le culot de "traîter un sujet" et de bien le traîter.
Christian est divorcé, vit seul dans une banlieue pavillionnaire bien propret' de Montauban (la bonne grosse province sa mère la pouffe, si vous me permettez l'expression). En ce moment, il n'a pas trop la niac pour tondre sa pelouse ou mettre la poubelle au garage le soir quand il rentre du boulot. Christian n'a pas trop envie de s'intégrer. ce qui est forcément mal perçu par les voisins, la "communauté". En plus, Christian est arabe; ça aide pas.
Bon alors oui, par moment c'est un peu cul-cul, mais c'est quand même plaisant de voir des personnages qui existent et qui ne soient pas des clichés ambulants. La réalisation de Rabaté est par moment assez imaginative: il y a de vrais plans de cinéma dus à son choix de tourner en format 2:35 (cinémascope), pas mal d'idées de mise en scène où l'on sent qu'il vient de la bande dessinée.
Car oui, Pascal Rabaté est un auteur de bande dessinée, un EXCELLENT auteur de bande dessinée. Je vous conseille sans hésiter le génial "Ibicus". Et bordel! Allez voir ce film!
http://www.senscritique.com/bd/Ibicus_Integrale/8864600
http://www.senscritique.com/film/Ni_a_vendre_ni_a_louer/470450