Du jamais vu à l'écran. Insupportable. Voilà un film qui menace vos yeux d'être atteints d'un blépharospasme, sorte de clignement perpétuel qui vous fait voir le monde en pointillé. Dès la première image, vous avez une succession ininterrompue de plans qui durent chacun au maximum une seconde. Pas de caméra posée, pas de travelling, juste une grammaire cinématographique qui tend vers le zéro absolu. Le film est un immense hoquet qui annone ses images à la vitesse d'un TGV. Impossible de voir quoi que ce soit, de laisser l'œil se reposer ne serait-ce que l'espace d'une demi-seconde dans ce montage réalisé à la hache. On se croirait à la (mauvaise) télévision un samedi soir dans ces (mauvaises) émissions faites de (mauvais) chanteurs où les différentes caméras jouent entre elles un ping-pong effréné sans que l'on ait le loisir de voir ne serait-ce qu'un bref instant le visage de celui où celle qui chante, les plans de coupe étant si rapprochés que la tête vous tourne. L'esthétique du spot publicitaire bat ici son plein, mais le produit vendu est bidon. Voilà pour la forme, qui m'a fait quitter la salle au bout d'une demi-heure, ce qui relève déjà de l'exploit.
Pour ce qui est du fond, nous sommes dans les profondeurs abyssales de la nullité. Tout est grotesque, depuis le jeu des acteurs jusqu'à la caricature des situations. Là où l'on attendait un film fait d'émotion et de gravité (ce que semblait promettre une bande annonce on ne peut plus trompeuse et mensongère), on est en présence d'un grand guignol dont le ridicule frise la débilité. Devant tant de niaiseries, j'ai quitté ce rafiot pourri après la scène des déménageurs, refusant de me scarifier l'esprit et les yeux pendant les 2h10 que devait durer ce naufrage.