Sans doute une des meilleurs œuvres de Spielberg, et également son premier long métrage. Brillamment scénarisé par Richard Matheson, ce survival sur le thème de l’homme contre la machine, mêlant habilement l'intime à l'universel, porte en lui tout le fun du cinéma pop-corn dont Spielberg deviendra la locomotive 10 ans plus tard. Mais bien d’autres choses habitent cette course poursuite d’une heure trente deux. Il y’a déjà cette profusion de niveaux de lectures possibles : Duel n’est il qu’une longue et fun course poursuite ou l’histoire d’un homme basculant dans la folie ? Ou alors serait-ce une réflexion sur la place de l’homme et sa solitude dans le monde mécanisée ? Notons également l’incroyable performance de Dennis Weaver dont on ne saura jamais s’il incarne un psychotique paranoïaque en proie à des hallucinations ou bien la victime de ce camion improbable et fantomatique. Le film lui-même est en permanence sur ce fil, au bord de la folie. On retrouvera également ce goût de l'étrange, cette bizarrerie inquiétante dans Rencontre du 3ème type et, dans une moindre mesure, dans les Dents de la mer.
11 ans plus tard Spielberg sortira E.T. et basculera alors dans le spectaculaire à outrance et le conformisme dégoulinant, l’entertainment aura trouvé son nouveau pape. La forme y gagnera ce qu’y perdra le fond, mais le Monsieur aura changé le cinéma à jamais.