Regarder Duel quand on révise le code de la route, c'est rigolo. Et ça fait d'autant plus flipper.
Pour son coup d'essai, Spielberg filme une histoire toute simple, toute bête. Une course poursuite. Sans but. On en connait pas les motivations, et on identifie pas la moitié des 2 personnages impliqués. C'est presque absurde. C'est irrationnel. Et c'est précisément là la force du film, c'est que c'est un film qui ne véhicule, qui ne cherche à représenter qu'un seul et unique sentiment : l'angoisse, et l'angoisse c'est justement irrationnel. Diablement efficace, on meurt d'envie de savoir qui est ce conducteur fou, ce qu'il veut, et surtout comment ça va se finir. J'aime bien moi ce genre de films où tu peux pas prévoir comment ça va se finir. Et à la fin, c'est limite sadique, mais on ne saura jamais. C'est même ça qui est dommage, mais quelque part c'est le contrat.
À la fin, juste le camion tombe et The End.
Le concept simpliste de DUEL est aussi sa limite : le film tente de se renouveler au fil des péripéties, mais bon, il peut devenir assez répétitif (heureusement j'étais de bonne humeur ce soir). On peut aussi regretter le manque de profondeur du perso principal. Mais d'un autre côté, ce monsieur tout le monde nous permet de facilement s'y identifier. C'est peut être pas pour rien qu'il s'appelle David MANN. GENRE HOMME MAIS AVEC UN N EN PLUS T'SAIS. Et le mystérieux camion peut aussi facilement être transposé. Je suis sûr qu'en creusant un peu, il y a mille façons d'interpréter cette confrontation, ce duel : la camion représente la face cachée de tout homme, son ego, la mort, la vie, l'amour, ce que vous voudrez. Quelque chose qui ne nous quitte jamais, dont on a peur mais qu'on veut retrouver à tout prix. Qui nous ramène à notre état le plus primitif. Qu'on cherche à fuir, mais qui nous dépasse à nouveau. Quelque chose qui est lié indéniablement à nous, mais qu'on ne contrôle pas.
Et au final, quand on l'a vaincu, on a plus rien à faire.