Scénario accepté par Don Siegel parce que les noms des personnages l’amusaient, The Duel at Silver Creek ne vaut que pour sa réalisation rythmée et inspirée, en témoignent les brèves séquences de cavalcade, mais guère pour son intrigue cousue de fils blancs, qu’explicite inutilement la voix off. L’écriture des personnages féminins obéit à un tel manichéisme, distinguant la jeune innocente de la traîtresse vicieuse, qu’elle empêche toute sensibilité d’advenir ; la romance construite entre Luke et Jane est même traitée de façon parodique, avec un cowboy annonçant à sa future moitié qu’elle ne pourra pas lui résister. Le film se plaît à abîmer ses symboles, à l’instar du médaillon ou des bottes en cuir : on arrache les pendentifs aux cadavres ou aux captifs, on fait l’éloge de l’entretien des chaussures pour les voir, le jour d’après, recouvertes de poussière et du sang de leur propriétaire. Ce qui intéresse Don Siegel semble être l’élaboration d’un spectacle de la vengeance au premier rang duquel il se tient, amusé et regardant vers la lumière – le shérif n’est-il pas surnommé « Lightning » ? – des grands studios hollywoodiens.