Parmi les Disney du premier âge d'or (1937-1942), Dumbo (1941) est sans doute le moins coté. Et pourtant, c'est celui que je préfère. Adapté du roman d'Helen Aberson sorti seulement deux ans auparavant, le dessin animé est produit dans une période difficile pour le studio Disney.
En effet, Pinocchio et Fantasia (1940) ont coûté cher, et les revenus d'exploitation n'ont pas été à la hauteur. C'est pourquoi le film sera réalisé dans un souci d'économies, avec l'un des formats les plus courts de tous les films d'animation Disney (64 minutes).


La grande force de Dumbo, c'est qu'il propose une histoire simple et touchante. Après le mémorable passage des cigognes, on s'attache très vite à Dumbo et à sa mère. D'autant que l'éléphanteau est victime des moqueries d'un peu près tout le monde, pour la simple raison qu'il est différent. La douloureuse séparation avec sa mère le laisse seul... mais heureusement pour lui, c'est là qu'apparait Timothée.


Touchée par ce qui arrive à Dumbo, la souris va tout faire pour le rendre célèbre et ainsi lui redonner la joie de vivre. Timothée incarne à mes yeux l'ami avec un grand A. Contrairement à Jiminy Cricket dans Pinocchio, la souris se soucie véritablement du bien-être de Dumbo. Timothée est un personnage très sympathique, qui n'essaie pas de faire la morale à son ami éléphant. Ensemble, ils finiront par trouver la recette du succès.


Dumbo ne propose pas une histoire de magie, de lutte entre le Bien et le Mal, ou une grande aventure. Non, Dumbo c'est surtout une histoire simple et très réaliste. C'est ça qui le rend marquant : ce qui arrive à Dumbo peut très bien arriver à un être humain. La méchanceté gratuite est quelque chose que tout le monde a vécu, pas l'empoisonnement ou la métamorphose en âne.


Le long-métrage d'animation de Samuel Armstrong et Norman Ferguson n'essaie pas de faire la révolution des animaux. Non, il reste solidement ancré dans la réalité, tout en transmettant des valeurs essentielles, comme le dépassement de soi ou la persévérance. Il montre aussi le rejet et l'exclusion. Le thème du cirque, si cher aux enfants, est très bien traité et le succès du film s'explique aussi pour cela. Avec The Circus et Freaks, Dumbo a véritablement marqué le genre.


Au cours de son histoire, le dessin animé se paie le luxe d'introduire des éléments audacieux, comme la fabuleuse Marche des éléphants, ou la « plume magique ». La bande originale est variée et de qualité, entre moments joyeux (Le Train du bonheur) et moments tristes (Mon tout petit). Si l'animation est toujours aussi bonne, on peut constater que le film brille moins dans les décors (pas autant de détails que ses prédécesseurs) pour les raisons évoquées plus haut.


Dumbo a une atmosphère bien particulière, qui n'est ni dans la comédie ni dans le drame. Le héros subit beaucoup et endure pendant les trois quarts du film. Mais la fin... quelle fin ! C'est un véritable triomphe ! Dumbo prend sa revanche sur tous ceux qui se sont moqués de lui, forcés de reconnaitre son talent. Car, quelque part, l'éléphanteau a réalisé le plus vieux rêve de l'Homme : pouvoir voler.

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le 10 déc. 2017

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