On pouvait reprocher au premier volet de la trilogie en devenir d’être froide, clinique, les émotions des personnages, et donc des spectateurs, étant reléguées au second plan pour mieux clarifier le travail d’exposition. On pouvait d’ailleurs faire ce reproche à une grosse partie de la filmographie de Villeneuve. Mais ce que l’on retiendra de ce Dune - Deuxième Partie, outre la démence de ses scènes d’actions, le gigantisme de ses panoramas, le souffle épique de son récit, l'anti manichéisme progressif de ses personnages, la beauté éclatante de sa photographie, la saisie aux tripes du jeu de ses interprètes (Chalamet que je remarque enfin, Bautista qui continue d'impressionner, Pugh toujours parfaite...), la magnificence de ses costumes et designs en tous genre, la tessiture de son paysage sonore, le tissage délicat d’une toile galactique qu’il nous tarde de découvrir dans l’inévitable suite, la crédibilité de ses effets spéciaux…
Ce que l’on retiendra outre cette myriade de qualités, c’est qu’enfin nous sommes émotionnellement impliqués. L’entrelacement de l’échelle des enjeux, entre personnels et universels, est fait avec brio. Et le récit de Herbert, déjà âgé de soixante ans, est atemporel et fourmillant d'idées retranscrites avec limpidité. Les thèmes sont nombreux, que l’on y parle de religion, de déterminisme, d’asservissement des masses ou de développement individuel, tout s’enchevêtre avec un soin dans un filet se resserrant sur un massacre inéluctable.
Je n’ai pas lu les romans, mais j’ai vu le film avec ma chère et tendre qui elle les a dévoré dans les six derniers mois, et nos avis étaient divergents sur le récit en lui-même. Des changements, suppressions ou ajouts, ont été opérés dans un but purement cinégénique (comme pour toute adaptation intelligente me direz-vous), et du point de vue du nouveau venu dans cet univers, tout s’imbrique parfaitement. Le fond et la forme, le grand divertissement et la réflexion philosophique, pour une des franchises les plus excitantes de la dernière décennie.