Dynasty Warriors est une saga de jeu-vidéo assez peu connue du grand public, contrairement à d’autres franchises, qui tire son inspiration d’un des plus célèbres romans historiques chinois : « Les Trois Royaume ». Pour contextualiser un peu, pour ceux qui ne connaîtraient pas, l’histoire du roman retrace le déclin de la dynastie Han et des grandes batailles historiques menées par les trois grands royaume de cette période. L’histoire est évidemment romancée mais fondée sur d’authentiques bases historiques, et les personnages sont de véritables généraux de guerre de l’époque.
Étant un fan incontesté de la saga depuis ma plus tendre enfance, quelle ne fut pas ma stupéfaction quand, début 2021, je découvris par hasard le trailer du film éponyme en live-action. Croyant d’abord à une production fan-made, je ne m’attendais qu’à un petit court-métrage ou à quelques scènes de présentation.
Mais voilà que le film arrive, sans (me) prévenir, sur Netflix ! Ni une, ni deux, je m’installe confortablement et débute l’expérience, toutefois empli de doutes et d’appréhension.
Ces 2h de film n’auront duré, dans mon esprit, que 30 petites minutes. Entre des têtes décapitées volant sur plusieurs kilomètres de distance, des scènes de combats absolument irréelles mais pleine de puissance, et des centaines de soldats projetés dans les airs par un coup de lame enflammée, Roy Chow nous offre un spectacle grandiose et épique, qui assume totalement son matériau d’origine (le jeu, pas le roman) en usant et abusant de scènes complètement fantaisistes. Les décors sont somptueux et retranscrivent à merveille les grandes plaines chinoises, noircies de soldats qui s’affrontent lors d’une bataille menée par des idéaux de paix et de prospérité. Quant aux costumes, les somptueuses armures dorées des généraux sont assez bien représentées, bien que quelques-unes semblent un peu « bon marché ».
À côté de tout ces aspects esthétiques et grandiloquents, la véritable force du film réside dans son adaptation de la narration. Alors que le jeu original ne se concentre que sur les batailles et la puissance démesurée des généraux, le film offre une subtile fusion entre l’histoire du roman des Trois Royaumes et d’éléments spécifiques au jeu. Ainsi, on assiste ici au déclin des Han et à la trahison de Dong Zhuo, tout en s’attardant sur les différents personnages phares de l’Histoire, pour en comprendre leurs motivations, leurs ambitions, leur personnalité, et leur passé. Chacun des personnages est, à l’instar de la saga de jeu, clairement identifiable et définissable, que ce soit grâce à son apparence, son comportement et son arme. La plupart des acteurs remplissent parfaitement leur rôle, hormis peut-être celui de Lu Bu, que j’aurais aimé plus imposant. Scénaristiquement, le film ne se perd pas et sait exactement où il va, tout en préservant une fidélité très appréciée à l’histoire originale, probablement apportée par la collaboration du studio du jeu, Koei Tecmo.
Trouver son bonheur et se complaire dans ce genre de film n’est pas donné à tout le monde, encore faut-il accepter le parti pris pleinement assumé du film adapté du jeu, et ne pas s’offusquer des scènes de combat fantasmagoriques (surtout la dernière contre Lu Bu qui est un bordel monstre). Je pense que les vrais fans de la saga trouveront plaisir à revivre les premiers instants de la chute de la dynastie Han et à voir les héros de leur enfance prendre vie. Une mention spéciale pour l’attaque Musou de Guan Yu en pleine bataille, qui m’a rendu complètement fou.
Toutefois, même si le film n’est pas parfait et possède certains gros défauts voire de grosses erreurs, la plus grosse étant l’ellipse scénaristique du Serment du jardin des pêchers qui aurait été incroyable et effectivement nécessaire, cette adaptation en live-action de Dynasty Warriors est vraiment réussie. Les guerriers légendaires des Trois Royaumes le sont réellement, et leurs desseins à la fois similaires et foncièrement différents sont bien retranscrits. Le film ne couvre qu’un vingtième de l’histoire du jeu ou du roman (en 2h c’est normal, l’histoire de base est extrêmement riche et complexe), mais réussi son pari car il le fait bien et avec amour.
(Ma frustration me force toutefois à émettre de grosses réserves sur le personnage de Lu Bu qui est clairement sous-exploité alors qu’il est quand même censé être le guerrier le plus puissant de tout le pays et craint de tous. De même pour la scène avec Diao Chan qui est bâclée et aussi émouvante qu’une tartine de confiture qui tombe sur le sol du bon côté, alors que leur relation est très profonde et permet à Lu Bu de s’assagir.)
La prouesse est honorable, et mon cœur de fou furieux de fan est conquis. Hâte de voir l’annonce de la suite, même si j’aurais préféré une adaptation en série pour prendre le temps de couvrir tous les personnages et les événements importants de la saga.