1982, un petit cinéma en Côte d'Or. Avec quelques autres collégiens, je faisais ma première sortie autonome, avec virée en ville après la projection. On succombait aux sirènes de ce film dont tout le monde parlait. Les figurines avaient déjà déferlé dans les rayons des magasins de jouets. Et la magie a opéré ! On a ri, on a pleuré, on est sortis ravis et on en parle encore. Surtout, en ce qui me concerne, je n'ai jamais perdu Spielberg de vue. Pendant des années, j'ai voulu faire une école de cinéma pour pouvoir, moi aussi, raconter des histoires de ce genre. Puis j'ai laissé tomber l'idée à l'heure de choisir une orientation, considérant que je n'avais jamais tourné le moindre court et ne possédais même pas une caméra. Je me contenterais d'écrire, ça m'a tenue des années. Spielberg aussi changeait son fusil d'épaule et tournait le dos aux contes pour enfants - et pour l'enfant en nous. Il y a eu La liste de Schindler, ou Munich, et moi aussi, j'ai commencé à regarder en face les failles de notre espèce au lieu de fantasmer des amis imaginaires parfaits. Bref, ce petit documentaire sent la madeleine. On y voit aussi Jeff Bridges dans Starman, Alf, V, les Gremlins, et tout ce qui a marqué notre enfance (on était la génération quoi ? W ? Voire V !), et c'est loin d'être désagréable. Je lisais l’Écran Fantastique et je feuilletais à l'infini un livre sur les élucubrations biomécaniques de Giger. Par contre, il ne faut guère chercher plus loin que ça, parce que le traitement annoncé par le titre racoleur de l'aspect autobiographique de E.T. est expédié en tout début de documentaire et ne casse pas trois pattes à un canard. Les parents de Spielberg étaient séparés, sa mère débordée, ses trois sœurs et lui turbulents... bon ben voilà. J'ai trouvé bien plus intéressante la relation entre le réalisateur et les acteurs enfants, Henry Thomas et Drew Barrymore. De là à coller à Spielberg l'étiquette d'éternel enfant, je n'aurais pas franchi le pas. Le gars est éminemment sympa et sait établir un lien avec un autre spécimen de son espèce, ça fait plutôt de lui un adulte accompli. Il a démontré depuis qu'il avait d'autres étages à son for intérieur, et tant mieux pour nous, qui l'avons suivi dans son cheminement à toutes les étapes de ses tâtonnements capillaires...