Eastern Condors
7.2
Eastern Condors

Film de Sammo Hung (1987)

Sammo Hung décide de surprendre puissamment en s'attaquant à sa version des Douze Salopards, endossant le rôle d'un ancien tueur de flic partant en quête d'un vieil arsenal militaire américain à détruire dans une base abandonnée au fin fond du Vietnam.
Ambiance au léger ton dramatique, présentation des personnages dans leur univers carcéral, équipe de roublards armés d'énormes flingues largués dans une jungle hostile et déambulant dans la sueur, le sang et la peur de mourir, Sammo installe d'emblée des bases pour le moins étonnantes venant de lui.


Alors bien entendu, ce ton de départ ne tient pas très longtemps son atmosphère lourde et pesante, et trouve rapidement ses respirations propres au réal, entre action frénétique jubilatoire, cadrages audacieux et bien entendu, la pointe d'humour dont n'aurait su se passer une seconde sa version "American-action-movie-like" des Dirty Dozen.
Mais ça n'en reste pas moins surprenant du début à la fin, et le film s'affirme bel et bien comme unique dans la filmo du gaillard joufflu. Étonnamment, la quasi totalité des ressorts comiques reposent sur les épaules de ses comparses, Sammo restant le seul à garder un sérieux en toutes circonstances, créant un réel personnage badass et improbablement convaincant en ancien meurtrier en pleine catharsis, dégoupillant des grenades avec les dents, dégommant des soldats avec des tiges de fougères et démembrant quelques gardes à la machette, giclures de sang et têtes volantes dans des chorégraphies, est-il encore besoin de le préciser pour un film du bonhomme, on ne peut plus réussies.


Alors bien entendu, Eastern Condors est avant tout, par le biais de son modèle, une tentative réellement réussie de réaliser un gros film d'action punchy avec gros flingues, gros couteaux, grosses tatanes et grosses explosions sans autre prétention réelle que de faire passer un pur moment d'éclate. Une sorte d'Expendables asiatique avant l'heure qui, comme il se doit, présente un casting de rêve.
Ce film, je n'en avais qu'entendu parler avant de le lancer, et c'est avec un étonnement à chaque fois renouvelé que je découvrais chaque nouvelle tête apparaissant sur l'écran, d'un Yuen Woo-ping taillé à coups de serpe à un Corey Yuen nonchalant, la clope au bec et la réplique acérée, en passant par Chin Kar-Lok, illustre héros-anguille-griffonneur de mon tant affectionné "Operation Scorpio", et mon bonheur fut total quand je vis arriver Yuen Biao dans la classe "mega-cool-attitude" qu'on ne présente plus.
Alors bien entendu, pour la plupart de ceux qui liront ça, ces noms, c'est du chinois (HAHAHA ! ....), mais tout ce que je peux dire, c'est que leur simple présence dans ce même casting annonce assurément un cocktail explosif sans aucun temps mort, de la première à la dernière seconde.


L'ensemble réalisé dans une photographie absolument impeccable, chose qui par ailleurs, je m'en aperçois de plus en plus, s'avère bien habituelle chez Sammo, rais de lumière dansant dans les frondaisons d'un vert épais et impénétrables, brume irisée flottante sous les racines noueuses d'arbres tortueux, cadrages millimétrés et caméra vigoureuse, la direction artistique est plus que solide et rappelle à chaque instant qu'on est devant une oeuvre à part entière, qui, dans ses volontés d'imiter, se permet le luxe de parfois égaler et surpasser.
Et le tout bien entendu rappelle aussi qu'il est made in HK, et plus particulièrement réalisé par Sammo, qui au delà de ses atmosphères efficaces, sert la poignée de dynamite qu'on attend en lançant le film. Ses chorégraphies sont bien entendu fabuleuses bien que moins présentes ici, prenant une juste place dans l'ensemble et se fondant dans le tout à la perfection, pour offrir un final saisissant et euphorique où le brave bouffon rondouillard habituel se paie enfin le luxe de prendre le premier rôle et offre une grande tabasse de haut vol dans une action trépidante et des bonnes notes de synthé à l'ancienne amenant le rythme.


A conseiller sans hésiter à tout ceux qui apprécient Sammo et voudraient découvrir une de ses oeuvres les plus inattendues puisque d'un conventionnel occidental où on ne l'attend pas forcément, se permettant toutes fois de placer, comme à son habitude, un brin de message légèrement engagé dans le tout. A conseiller aussi à tous ceux qui voudraient profiter d'un film d'1h40 d'éclate pure et de défoule jouissive sans plus se poser de questions.

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le 29 juil. 2013

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zombiraptor

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