Tourné pour la somme dérisoire de 325 000 $, Easy Rider en rapporta plus de 60 millions à ses producteurs (dont faisait partie Peter Fonda) qui ne s'attendaient pas à un tel succès. Le triomphe fut mondial et s'explique par le fait que c'est le film d'une génération où une frange de la population, américaine d'abord, mondiale ensuite, s'est reconnue. Son réalisateur Dennis Hopper, ancien acteur clean qu'on avait pu voir dans les années 50, notamment auprès de James Dean (dans la Fureur de vivre et Géant), connut ensuite des échecs dans ses réalisations suivantes et revint à son métier d'acteur où il trouva dans les années 80 et 90 un emploi dans des rôles de méchants dérangés.
Dénonçant l'intolérance de l'Amérique profonde, ce road movie emblématique de son époque, à la charnière de la fin des années 60 et du début des 70, est devenu culte de chez culte, en dépit de ses défauts. Mais c'est le film de la culture hippie qui reste en son temps l'une des plus significatives manifestations de l'esprit de liberté issu de ce mouvement. C'est un pamphlet ironique et amer (surtout par son final tragique) contre les préjugés, la connerie humaine et l'ignorance de cette Amérique conservatrice qui n'accepte pas ces 2 motards parce qu'ils sont différents dans le sens où ils affichent une insolente liberté dans leur comportement et leur habillement, même si cette liberté est en partie dépendante de l'alcool et de la drogue.
Le film se situe dans le courant de dénonciation des tares sociales, et dans un courant plus vaste de films contestataires à Hollywood, comme Bob et Carole et Ted et Alice (révolution sexuelle), Macadam Cowboy (rêve américain brisé), Devine qui vient dîner? (mariages mixtes), ou le Lauréat (liberté de moeurs)... C'est un film typique du Nouvel Hollywood, iconoclaste, rempli de scènes inoubliables (séquence du cimetière, visite à Monument Valley), qui a pris une résonance universelle par sa condamnation de l'intolérance comme source de toutes les violences, mais aussi par sa dimension christique (les 2 héros sont immolés comme Jésus pour permettre à cette Amérique de survivre). Il permit enfin de faire connaitre Peter Fonda, à Jack Nicholson d'exploser après divers petits rôles dans la série B, et à la chanson "Born to be wild" du groupe Steppenwolf de devenir l'emblème musical de tous les bikers.

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le 28 mai 2017

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