Retour au foyer
Précédé de sa réputation de grand classique du western américain La Prisonnière du désert m'a pourtant quasiment laissé de marbre voire pas mal agacé sur la longueur. Vanté par la critique et les...
Par
le 21 août 2016
44 j'aime
9
Après avoir littéralement bouleversé l'essence même du fiévreux Faces de John Cassavetes en la réalisation de son remake éponyme de 2011 ( sorte de large autopsie des images poussant l'imperceptibilité du mouvement jusque dans ses dernières extrémités ) James Benning construit donc sa version expérimentale du film-mythe du Nouvel Hollywood : l'incontournable Easy Rider de Dennis Hopper. En résulte une relecture à la fois pondérée, abstraite et passionnante du film cultuel de 1969, l'auteur de Ten Skies et de 13 Lakes y perpétuant avec sa légendaire ténacité structurelle son goût pour les paysages tour à tour concrets et mentaux, présents et mémoriels, déjà-là et ailleurs...
Les deux versions semblent, au travers des images filmées par Benning et accompagnées de la piste-son du film de Dennis Hopper, dialoguer en permanence l'une avec l'autre : motifs, symboles, chemins de traverse, musiques revisitées... Le cinéaste expérimental garde logiquement une longueur de métrage quasiment identique à celle de l'original, prouvant une fois encore que les concepts de durée et de quantification temporelle sont au coeur de son travail de cinéaste issu des études physiques et mathématiques.
Bien davantage que le film original Easy Rider selon Benning nécessite une grille de lecture tout en jouant énormément sur ce qui se passe entre les images, dynamitant les codes du road-movie tout en réfutant la linéarité du récit primitif conçu par Dennis Hopper ( on se souvient cependant des flash-forward scandant le film de 1969, prémonitions visuelles de la mort des deux bikers campés par Hopper et Fonda qui justement nuançaient le caractère relativement classique de la narration...). Ici James Benning place le paysage au-devant du texte, dilatant ses plans imperturbablement fixes jusqu'à une inédite hypnose : cadrages serrés captant sur une quinzaine de minutes le flux d'une rivière aux chatoiements superbes, passage obligé du feu de camp nocturne lui-même filmé en close-up à quatre ou cinq reprises, etc...
Voilà donc un bloc de cinéma rigoureux mais fascinant mettant en lumière les fantômes du classique du Nouvel Hollywood, film XP encore et toujours entièrement représentatif du travail rémanent et obsessionnel de James Benning. A voir absolument !
Créée
le 26 juin 2021
Critique lue 212 fois
1 j'aime
Du même critique
Précédé de sa réputation de grand classique du western américain La Prisonnière du désert m'a pourtant quasiment laissé de marbre voire pas mal agacé sur la longueur. Vanté par la critique et les...
Par
le 21 août 2016
44 j'aime
9
Immense sentiment de paradoxe face à cet étrange objet médiatique prenant la forme d'un documentaire pullulant d'intervenants aux intentions et aux discours plus ou moins douteux et/ou fumeux... Sur...
Par
le 14 nov. 2020
38 j'aime
55
Nice ou l'enfer du jeu de l'amour-propre et du narcissisme... Bedos troque ses bons mots tout en surface pour un cynisme inédit et totalement écoeurrant, livrant avec cette Mascarade son meilleur...
Par
le 4 nov. 2022
34 j'aime
6