C'est un thriller post-adolescent, avec trois personnages principaux : le frère (Pablo : Théo Cholbi), la soeur (Apo : Lila Guéneau) et l'amant du frère (Night : Erwan Quepoa Falé ). C'est souvent violent, bien sûr immoral, choquant, sulfureux, archi-osé, certaines scènes montrant de façon très crue les ébats amoureux des deux jeunes hommes, à la fois parfaitement virils et très sensuels, l'un Européen aux yeux bleu-vert, l'autre Africain aux yeux marrons. Le premier convainc le second de l'aider à développer un trafic de comprimés d'ecstasy qu'il fabrique artisanalement et revend à une clientèle privée. Ce faisant, le duo empiète clairement sur le territoire d'une bande rivale, à qui ça ne plaira pas.
C'est neuf, particulier, sensuel, violent, mais également très fun, assez charmant, très inventif visuellement, un mélange de vues réelles (ça se passe au Havre) et d'images numériques, celles d'un jeu video d'heroic fantasy : Darknoon, auquel le frère et la soeur sont accro depuis l'enfance. Or, ce Darknoon — qui met en scène un monde virtuel dans lequel Pablo et Apo s'adonnaient, via leurs avatars, à de fictives aventures extraordinaires — lance, au tout début du long métrage de Caroline Poggi et Jonathan Vinel, le compte à rebours (sur deux mois) de sa déconnexion définitive. Pour le frère et la soeur, c'est l'annonce de la fin de leur adolescence ; quittant leurs défroques de héros imaginaires, il faudra bien qu'ils affrontent les dures réalités de la vraie vie.
Eat the Night est un thriller ponctué par (et en partie construit sur) ce compte à rebours. Il alterne la vie réelle des trois personnages principaux (Apo, Pablo et Night) et le monde virtuel de Darknoon, dans lequel la jeune Apo continue de se réfugier, contrairement à son frère aîné Pablo qui, par le développement de son activité de dealer, s'expose de plus en plus (et son amoureux Night avec lui) aux dangers et mésaventures de la vraie vie.
Le métrage dure près de 110 minutes et je ne me suis pas ennuyé une seconde.