Un mélange des genres assez particulier, dont j'ai du mal à comprendre le lien entre eux. Et pourtant, il réside dans ce film une ambiance assez folle, emmené par la musique de Ssaliva, que je ne connaissais pas, ainsi que d'autres musiques, comme celle du générique de fin (Not Saved de Ulver), qui ajoutent une dimension nostalgique assez incroyable dans ce monde-là.
L'introduction m'a beaucoup impressionné, où l'on y fait, en quelque sorte, la gloire du MMORPG : avec l'hypersexualisation de ses personnages, sa violence perpétuelle, mais aussi ses moments d'amusements et d'égarements, et une idée d'une certaine liberté. N'ayant jamais été réellement happé par ce type de jeu, j'ai tout de même beaucoup été touché, pour son message qui se veut finalement assez universel, au-delà même du média jeu vidéo. D'ailleurs, les passages vidéoludiques sont extrêmement réussis, on y retrouve la patte caractéristique de ce type de jeu, mais avec une qualité d'animation complètement folle.
Mais une majorité du film se passera en dehors du jeu, notamment avec le duo Pablo/Night, joués par Théo Cholbi, que l'on connait déjà bien, déjà vu dans Les Harkis, La Nuit du 12, Les Rascals, ou encore Passages... où l'on avait aussi vu la révélation Erwan Kepoa Falé, même si son apparition dans Le Lycéen était probablement plus notable. Mais ici, il a enfin un rôle de premier plan, et je le trouve vraiment magnifique. Le film comportera pas mal de relations charnelles, et je les trouve très belles, se concentrant principalement sur la beauté des corps entremêlés.
Il ne faut évidemment pas oublier Lila Gueneau, qui joue Apo, la sœur de Pablo. C'est elle qui passera le plus de temps dans le jeu vidéo Darknoon, on la verra même porter le cosplay de son personnage. C'est d'ailleurs là que je trouve le film assez peu cohérent ou vraisemblable, notamment dans la solitude du personnage. Un MMO, c'est normalement rempli de vie et d'interactions, et elle, ne semble interagir qu'avec son frère. Même si cela s'explique peut-être par sa très grande proximité avec celui-ci (dû, entre autres, au père absent), et à une certaine anecdote de l'anniversaire de ses 12 ans organisé par son frère dans le jeu, qui s'est fini en un massacre de tous les invités... où ils ne restaient plus qu'eux deux. L'une des scènes qui m'a beaucoup marqué, c'est celle où elle contemple les étoiles avec son nouvel ami, pendant que la caméra traverse toute la carte pour retrouver tous les autres joueurs s'entretuer.
Mais le film est surtout une histoire de vengeance entre deux clans, qui se passera dans une violence assez excessive. Probablement que cette violence fait écho à celle du jeu, mais je trouve le potentiel de base (d'intégrer un jeu vidéo à l'histoire) un peu bancal, et le lien entre les deux me semble sous-utilisé, ou mal utilisé. Après, je n'ai rien à dire quant aux choix qui ont été faits, ils doivent avoir du sens, et je reflète peut-être mon idéal sur quelque chose qui ne m'appartient pas. D'ailleurs, le film nous introduira d'autres personnages à certains moments, de façon assez opaque, sans comprendre à quoi ils servent, ou ce qu'ils représentent. Même si on peut deviner leur rôle symbolique, le film parait parfois juste nous donner les clés, à nous de trouver la serrure.
Bref, Eat the Night est vraiment un film que j'ai adoré, bien que ce mélange des genres paraisse assez hétérogène, j'ai eu beaucoup d'empathie pour ces personnages. La fin du film est plutôt bien sentie, et donne un peu de sens au tout. Au-delà de ces histoires de frère et sœur, de romance gay, ou de vengeance, ce qui prime d'abord ici, c'est cette ambiance singulière, où ces âmes perdues errent malgré elles, dans une solitude mélancolique, où la réalité rattrape leur fiction.
(Vu le 20 juillet 2024 au cinéma)