Miséricorde
7.1
Miséricorde

Film de Alain Guiraudie (2024)

Un film que j'ai été voir avec une légère curiosité et par un certain opportunisme. Déjà parce que c'est un film d'Alain Guiraudie, qui avait fait "L'Inconnu du lac" que j'avais beaucoup apprécié. Un nom au casting m'a aussi intrigué, celui de Jean-Baptiste Durand, le même qui vient d'obtenir son César du meilleur premier film pour "Chien de la casse" qui se retrouve ici dans son premier rôle d'acteur. Au-delà de tout cela, le synopsis est on ne peut plus intrigant.

Et ç'eut été une très agréable surprise, le film arrivant à distiller une certaine tension, sexuelle qui plus est, associé à une forme d'humour invraisemblable, à base de dialogues légèrement déphasés et de légers malaises. Le film brille surtout pour son casting, composé majoritairement d'inconnus, à commencer par l'acteur principal Félix Kysyl, qui dégage un certain charisme discret. Citons aussi Jacques Develay, en prêtre, avec son regard connoté. Ou encore David Ayala et sa relation ambigüe avec ses comparses. Ou bien sûr, ce Jean-Baptiste Durand, qui réussit un rôle de composition tout à fait étonnant, dans un élément où je ne l'attendais pas. À citer aussi le duo d'acteur/actrice jouant les gendarmes (mais je ne retrouve pas leur nom, coup dur), qui viendront mettre leur nez dans ce sac de nœud, accompagné de leur nonchalance assez cocasse.

On retrouve finalement pas mal de similitudes avec "L'inconnu du lac" : la tension (homo)sexuelle constante, le plan sur un pénis en érection, l'endroit reculé, une enquête criminelle, ainsi que des personnages aux archétypes similaires, comme ce personnage empreint de philosophie, qui nous sortira un discours tout à fait passionnant, bien qu'étonnement presque hors-contexte.

Bref, une excellente comédie, avec un arrière-plan dramatique parfaitement dépeint. Le film se veut un peu pince-sans-rire, en mettant en scène un scénario simili-sérieux, ce qui augmente le décalage avec les dialogues lunaires, et ses situations un peu ridicules ou exagérés, comme les combats à main nus, digne d'une cour d'école élémentaire.

(Vu le 28 mai 2024 au cinéma)

Tiflorg
8
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le 4 juin 2024

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