Datant de la fin des seventies, Eaux sauvages (Savage Waters) est un pseudo survival qui plonge une joyeuse bande de personnes toutes plus inintéressantes les unes que les autres dans un virée en rafting dans les grand canyon (Canion selon la prononciation de la VF). Manque de bol un tueur commence à décimer les différents protagonistes de ce retour à la nature.
Eaux sauvages est un nanar de tout premier plan qui se doit ABSOLUMENT d'être regardé en VF pour transformer un minimum la purge de son visionnage en un moment de plaisir coupable pour ne pas dire suspect. Car si il ne se passe rien (ou presque) durant les 100 minutes du film, les personnages sont en revanche sont atteint d'une diarrhée verbale qui fait qu'en continue ils ne cessent de raconter de la merde. Eaux sauvages est effectivement l'un des films les plus inutilement bavard de l'histoire du cinéma avec une version française tellement pourrie qu'elle tutoie carrément le sublime. C'est bien simple les personnages parlent tout le temps et la version française tente de tenir le rythme quitte à raconter n'importe quoi , n'importe comment entre improvisation et texte récité entre deux hésitantes bafouilles , le tout en violant les règles les plus élémentaire de post-synchronisation. On se retrouve donc avec des personnages qui parlent sans desserrer les mâchoires et d'autres dont les lèvres bougent dans le silence et le vide. C'est bien simple si les personnages ne l'ouvrait que quand ils ont un truc un minimum intéressant à dire je crois que le film serait muet. Je ne sais pas si c'est la peur du silence mais dans Eaux Sauvages on ne cesse de discuter de tout et surtout de rien histoire de combler le vide. Entre une tirade philosophique sur le karma des hippies et des auto stoppeurs version brève de comptoir et une une réflexion quasi métaphysique devant des toilettes sur la queue dans le monde moderne (La file d'attente pas la bite) les personnages parlent de nœuds carrés , de l'utilité de faire la vaisselle la nuit pour ne pas voir les traces, de gilet de sauvetage, d’œufs brouillés façon grand canion et de la nécessite impériale de faire une démonstration d'un pot de chambre...
On parle, on parle et on parle encore; façon GPS pour savoir quel itinéraire on va prendre pour suivre le cours de la rivière (??) , lors de grande tirade amoureuse surréaliste "Je t'offrirais plein de crème de whisky" ou lors d'une poignante oraison funèbre d'un type qui vient de se viander d'une montagne qu'il escaladait péniblement se terminant par un lapidaire "elle était même pas si compliquée cette montée Mike". On pourrait ajouter aux plaisirs de cette VF improbable les accents anglais d'un couple d'allemands qui voyage avec ses packs de bières ou celui plus que surligné d'un sultan totalement obsédé par les gonzesses qui finit systématiquement comme Jean Claude Duss de Bronzés. Pourtant il ne ménage pas ses efforts le bougre parlant de "merveilleuse déesse si belle que c'est trop romantique " avant de faire jeter par un laconique "Vas en enfer". Autre délice parmi tant d'autres Eaux sauvages comporte une boucle sonore que le film nous remet trois ou quatre fois à chaque descentes un peu mouvementée de rafting ce qui permet d'entendre plusieurs fois des "Yohoo - On es premiers ou J'en ai pris plein la poire" ; tout simplement génial. Plus les dialogues se veulent profond plus ils deviennent hilarant comme cette énigmatique dialogue digne d'un sujet de bac philo "Je suppose qu'en faisant ce que vous avez fait, vous n'avez fait que précipiter la chose même qui vous a poussée à le faire..." .
Eaux Sauvages est un pur nanar , un film aussi chiant qu'une conversation philosophique de bar tabac mais hypnotique dans sa façon qu'il a de capter l'attention morne du spectateur au cerveau carbonisé par tant de lieues communs mais toujours dans l'attente de la prochaine improbable réplique. En note normal c'est 01/10 mais niveau nanar c'est quasiment la perfection ....