Décevant !!!!!
Pourtant, ça commençait bien, avec le nom de Dominique Farrugia comme producteur, celui de Michel Hazanavicius comme réalisateur, moins de quatre ans après diffusion à la télévision de La Classe américaine. Le sous-titre du film, ambitieux, "Une aventure de Karl Marx et Friedrich Engels", semble prometteur. On apprécie d'entrée de jeu de reconnaître la voix d'Alain Chabat nous préciser l'heure sur une image d'horloge, au cas où on serait trop con pour réussir à la lire... On est dans l'univers des Nuls, voilà des débuts intéressants, d'autant plus que Marx et Engels prennent la pose, graves, devant le photographe.
L'idée générale est amusante : Marx doute de la pertinence de ses analyses et envisage de ne pas terminer son grand œuvre, Le Capital, dont la fin fut effectivement rédigée par Engels à partir des notes de Marx. La discussion, forcément, va s'envenimer, car on le sait, Engels a pas mal entretenu Marx et sa famille, et peut-être souhaiterait-il un retour sur investissement ?
Les deux hommes conversent autour d'un jeu de carte, Engels propose à Marx de sniffer de la coke, arrivée récemment en Europe, tandis qu'ils rabrouent la gouvernante jouée par Valérie Benguigui alors même que ses charmes ne laissent pas insensibles les deux (vieux) hommes (et en cela, le récit n'est pas infidèle à ce qui s'est réellement produit). L'écart entre la pose sérieuse devant la photo, l'image qu'on a des deux hommes, intellectuels et doctrinaires de premier rang, et la réalité qui nous est montrée, celles de deux jouisseurs, hommes avec leurs failles et leurs faiblesses, est censé produire un décalage amusant. Cela fonctionne plutôt mais c'est un peu usant, et si voir Marx prendre de la coke est plutôt jouissif, le voir se gratter le cul ou faire une prise de judo à Engels était peut-être dispensable. Question de dosage : certains trouveront cela délirant, génial, pour ma part, je trouve l'idée intéressante mais le résultat lourdaud. Le soufflet retombe trop vite, malheureusement.
C'est quand même sympa de montrer que derrière des aspects austères, Marx et Engels n'en étaient pas moins des hommes comme les autres. Et on ne s'empêchera pas de penser qu'Hazanavicius éprouve pour eux une forme de tendresse, rendant hommage, certes de façon ironique, à ces hommes qui ont produit une analyse que certains trouvent encore en grande partie pertinente (et qui pourrait avoir séduit Hazanavicius pendant sa jeunesse ?). A moins que ce ne soit dû à l'influence du deuxième scénariste, Dominique Mézerette ? Car on voit que les auteurs maîtrisent correctement la rhétorique marxiste. Ou au moins qu'ils se sont bien renseignés sur le sujet.
Bref, on sent que les auteurs se sont amusés, et on passe quand même un moment agréable devant ce court-métrage.