"Pour nous autres, acteurs, demain n’existe pas !"

Je n'avais encore jamais vu telle explosion de simplicités et d'essentialités à la fois en un film - c'est peut-être faux mais j'aime à grossir les traits de ce qui allume mes yeux. C'est un hommage à Cyrano infiniment modeste et simple - je n'ai pas d'autres mots sous la main pour dire les choses - et pourtant... Pourtant, infiniment beau et doux. Si on sait aimer les bons mots, les beaux coloris, les beaux yeux brillants et les belles histoires, on doit savoir aimer Edmond. J'avais beaucoup apprécié la pièce, j'ai - et cela à plusieurs reprises - adoré le film. Chaque acteur, malgré les maladresses apparentes, semble conquis, grandi, ému par son rôle et apparaît comme plus adorable qu'il ne l'a jamais été. Notre Edmond est d'un touchant rare et précis, notre Léonidas plus franc et foncièrement drôle que le plus franc et drôle des camarades auquel j'aie jamais eu droit, notre Jeanne éclatante, notre Coquelin délicieusement paternel, notre Jean épouvantablement gentil et attendrissant, nos corses burlesques à mourir ; tous parfaits, tous heureux, tous en harmonie avec les plaisirs et les tendresses du Théâtre. De quoi pourrais-je me plaindre sans paraître et me sentir rabat-joie en puissance ? Tout est là pour passer le plus joli des moments ; à mon dernier visionnage, j'ai souris bêtement, comme un enfant (tout du long). Ce film parle à tout ce que je suis et resterai éternellement : un comédien incompréhensible à vocations romantiques, un enfant de l'or et du coquelicot que donnent à voir les planches, un inconnu existant au travers de ses rêves, ambitions et aspirations intimes, mais toujours folles, surtout toujours magiques. Merci à Alexis Michalik et - j'allais l'oublier - à Romain Trouillet pour sa composition brillante, sans prétendre toucher une étoile ; il suffit parfois d'y tendre seulement. Laissez passer Sa Majesté le Cinéma Français, ce qu'il en reste d'encore saint, sûr et fier.

KiruaElric
9
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le 2 nov. 2022

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