Les attentes sont souvent élevé quand des films passent en festival de genre, d'autant plus quand ce sont des courts métrages d'animations car, le plus souvent, on a très peu de chance de les revoir un jour. Au même titre qu'Un Genre de testament ou encore Plan-Plan Cul-Cul (prix du public 2022), Eeva faisait parti de mes plus grosses attentes en provenance de l’Étrange Festival, et il est une chance que la plateforme Bang Bang ait accepté de le diffuser.
Le film me rappelle énormément l'esthétique rétro de la saga Rusky Lake (dans le domaine du jeu vidéo), dans sa manière de mettre en scène la vie sous deux dimensions, et de ne laisser que deux possibilités de réponses. On a aussi tout une culture de la curiosité, où la vie semble normal mais tout donne anormal, avec les personnages masculins qui semblent tous se ressembler ou presque. Tout cela amène à une déambulation où l'on ne sait jamais comment se positionner entre la fascination et le malaise face à une femme qui perd totalement pied. On est ainsi transporter dans un voyage fascinant et parfois glauque qui est brillant de maitrise. Le court métrage a beau durer 15 minutes, le film ne perd et arrive toujours à capter l'attention sans que cela soit gratuit. Dès son début, sous fond de vieux tourne disque très efficace à la manière de la communication qu'avait eu REC 2 (avec la déception qu'a pu engendrer la découverte du dit film à sa sortie) ou même sa scène avec le tourne disque (l'efficacité en plus).
On a donc cette ambiance poisseuse et trop bien rangé qui charme et ne nous quitte pas. Pourtant, contrairement à ce qu'on pourrait attendre, le film n'est absolument pas indigeste, bien au contraire. On pourrait croire au premier abord que les graphismes pourraient très vite être indigestes et lourds, à l'image de certaines phases du jeu Rusty Lake avec qui il partage beaucoup de points commun, et pourtant le film maitrise habilement son image et son histoire. A travers une certaine étrangeté comique qui rappelle l'ambiance des films de Yorgos Lanthimos, notamment à travers ces hommes qui entourent la protagoniste, on arrive à respirer et à passer un très bon moment. Il est difficile de trouver ce qui serait à redire tant tout est remarquablement exécuté, et tant tout le film nous parait brillant. Peu être que le film pourrait gagner en fluidité avec des scènes parfois plus courtes et que la scène devant le bocal des poissons aurait pu être moins gratuit (cela relève surtout du fait que je ne suis pas fan des scènes mettant en scène des animaux, surtout dans ce registre), mais force est de constaté que Eeva est une œuvre complète et purement fascinante qui ne manque pas d'atout, et qui m'est un immense coup de cœur.
18,25/20
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