Cette critique sera celle de quelqu’un qui, depuis quinze ans, exerce un métier d’interface entre les patients (pardon, on dit clients maintenant), les médecins et les fabricants d’appareils médicaux et qui, finalement, à bien appris à connaître les dérives d’un exercice de la médecine qui tombe de plus en plus dans le commerce. C’est après un plutôt réussi Erin Brokovich il y a quelques années que Steven Soderbergh revient au film militant et s’en prend cette fois à l’industrie pharmaceutique et à ses liens parfois douteux avec le monde médical et de la finance.

Emilie est une jeune femme suicidaire, Jon est psychiatre est va tenter de la traiter par un mélange de séances de thérapie et de différents antidépresseurs. Il accepte de participer à l’étude d’un laboratoire pharmaceutique et fait l’essai d’un nouveau médicament sur Emilie. Cette dernière va y réagir de façon extrêmement négative et va en arriver à commettre un acte irréparable, acte qui va la conduire en prison et mettra en cause le professionnalisme de Jon. Ce dernier, persuadé qu’il faut aller voir au-delà des apparences, va alors mener sa propre enquête et tenter ainsi de sauver sa vie privée et sa vie professionnelle.

Même s’il a une carrière en dents de scie, Steven Soderbergh a toujours su conserver un statut de réalisateur indépendant, avide d’un cinéma qui resterait par certains aspects voué à la création artistique. Il a souvent échoué mais il semble avoir toujours conservé les mêmes convictions. Side Effects est un film étonnant de par sa construction qui parvient à traité les nombreux aspects d’un sujet très dense sans jamais donner l’impression de les survoler. Dans l’ordre (ou presque), Steven Soderbergh traite la dépression, les rapports médecin/patient, les rapports médecin/laboratoires pharmaceutique, les rapports médecin/monde de la finance, les rapports monde médical/monde journalistique. On navigue de l’un à l’autre sans jamais s’égarer et sans l’impression que Soderbergh survole.

Jude Law et comme souvent (comme toujours ?) parfait en psychiatre soumis sans s’en rendre compte aux laboratoires, il passe comme une lettre à la poste de la compréhension, à l’accablement pour finir dans la révolte. L'aspect le plus intéressant de son personnage étant probablement le fait qu'on se demande pourquoi il fait suivre une thérapie à Emilie. Il ne lui dit jamais rien et ne semble avoir que des solutions médica-menteuses à lui proposer. Rooney Mara est Emilie, on la découvre ici qui n’est ni bonne ni mauvaise, elle a la tête toute mimi de l’emploi, elle a du charme c’est une certitude. Il lui manque juste le charisme pour être convaincante lors du twist final, on n’est pas pressé de la voir dans un autre film en fait. Par contre, Catherine Zeta-Jones prend ici un excellent tournant dans le rôle de la garce "hors catégorie". Elle a vieilli c’est vrai, elle est un peu passée de beauté chaude à beauté froide c’est vrai aussi, mais au moins elle n’a pas été défigurée comme Stephen Frears l’avait fait dans le très mauvais Lady Vegas. Elle est vraiment douée pour jouer les sal(op)es manipulatrices, cette femme a un réel talent qui a été trop souvent noyé sous sa beauté physique.

On regrettera cependant un petit point de scénario que Soderbergh aurait pu s’éviter et à nous avec, à savoir la nature de la relation entre Emilie et son ancienne thérapeute, on tombe dans le tape-à-l’œil commercial propre à réveiller la libido des jeunes adolescents pré-pubères. Il aussi très probable que la bande-originale va en fatiguer plus d’un tant elle est présente en toile de fond d’un bout à l’autre du film. Pourtant Soderbergh la rend nécessaire, ce n’est pas une musique faite pour être écoutée, il en fait presque un personnage du film, présent à chaque moment de manière différente et appuyant chacune des scènes.

Ceci n’est pas le chef-d’œuvre de Steven Soderbergh, c’est par contre la preuve que l’homme est encore vert et n’a pas perdu sa verve. Contrairement à certains de ses contemporains (suivez mon regard…), il peut enchainer deux ou trois films moyens voir mauvais et nous laisser l’espoir de revenir en pleine possession de ses moyens. Il y a de la classe, il y a du style dans ce film, ne serait-ce que par la jolie trouvaille scénaristique qui permet à la première et à la dernière image du film de se répondre à 1h50 d’écart et ne serait-ce que pour ça : bravo Mr Soderbergh.
Jambalaya
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le 30 mai 2013

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Jambalaya

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