Avec Effraction Daniel Duval signe un polar parfois indigent sur le plan de l'écriture mais toutefois porté à bout de bras par la performance quasiment exceptionnelle du regretté Jacques Villeret, ici poignant et terrible dans la peau d'un criminel aux affres solitaires littéralement communicatives. Loin de ses rôles de clown maladroit ou de second couteau drolatique et dérisoire l'acteur prouve ici sa formidable capacité à déployer les facettes les plus sombres de sa personnalité, livrant avec le personnage de Tralande un rôle complexe et inoubliable de paumé destructeur.
Aux côtés du comédien sus-cité Marlène Jobert et Bruno Crémer se contentent presque de faire acte de présence, pas désagréables pour un sou car naturellement brillants et cinégéniques mais clairement sous-exploités par Daniel Duval, faute à deux rôles éhontément sous-écrits plus proches du faire-valoir que d'autre chose... Heureusement Villeret parvient à mettre en valeur ses partenaires de jeu, jusqu'à la fulgurante apparition du tout jeunot Florent Pagny, ici assez amusant en conducteur humilié par le terrible et sinistre Valentin Tralande...
Plutôt efficacement réalisé malgré un classicisme scénaristique le condamnant à rester prisonnier de son époque Effraction s'agit d'un polar made in France contenant son lot de passages obligés ( braquage tournant au carnage, cavale et prise d'otages de rigueur, et cetera...) mais témoignant de ses charmes tour à tour abruptes et mélancoliques au détour d'un anti-héros résolument fascinant et étrangement attachant. Et même si ledit métrage met un certain temps à trouver son ton et son rythme il reste une belle pépite aux accents bis joliment sympathique à voir, et pourquoi pas à revoir. Un petit film culte en puissance.