Le Chant de l'eau

Dans une région reculée d'Espagne, l'apocalypse est imminente. Les eaux vont bientôt recouvrir le petit village d'Orihuela. Et, selon le mythe local, emporter avec elles une adolescente qui, sur le point de devenir femme, subirait la jalousie d'un fleuve qui ne voudrait la garder que pour lui. C'est dans ce décor étrange, poétique, et même inquiétant par moments, que naît l'amourette entre Ana et José. Entre poème fantastique et film social, El Agua raconte l'histoire de personnages attachants, authentiques, sans jamais perdre sa fibre lyrique, qui l'irrigue et le traverse avec une certaine pudeur.

Par conséquent, le film manque peut-être d'éclats, de moments forts, mais il reste malgré tout une belle découverte. Des adultes qui ne vivent qu'à travers le passé, des adolescents qui fantasment sur l'ailleurs, et un mythe pour tous les réunir autour d'une drôle de croyance. Ana, personnage central, cible de cette malédiction, est le catalyseur envoûtant de ce premier film qui flirte parfois avec le documentaire tant il semble intimement lié à la vie de sa réalisatrice. Son seul défaut, à mes yeux, c'est peut-être qu'il remue sans déborder, et a donc de quoi laisser son spectateur sur sa faim. Autrement, c'est une petite réussite.