Flic à Matanzas en 2002, c'était vraiment pas drôle.
D'abord le contexte.
Ça se passe en Argentine au sommet de la période d'injustice économique et donc sociale la plus virulente que le pays ait jamais connue. En 2002, après 20 ans de "réformes" néo-libérales qui ont mené le pays à la ruine, les Argentins qui pendant la majorité du siècle avaient été habitués à l'opulence et au bien-être quotidien, se voient dans un désespoir social sans précédent et s'adonnent maintenant à la pratique du "chacun pour soi".
Dans ce contexte hostile, inconfortable et hostile, l'histoire est celle d'un "pauvre garçon". Qui tout au long, par inexpérience ou juste par malchance, va se laisser tanguer par les intérêts de "joueurs" qui ont réussi à gagner juste assez de sa confiance que pour pouvoir se servir de lui. Depuis son village natal jusqu'à Matanzas (réputé le district de la province de BA le plus corrompu) et depuis le Polaco jusqu'au Gallo, il n'aura en fait jamais arrêté de se faire baiser.
Pendant un moment pourtant, les choses semblent aller mieux pour lui. Il commence à avoir l'impression qu'il prend de l'importance, que c'est peut-être son tour de baiser les autres. Mais là encore il comprend vite que le capital confiance que Gallo avait investi en lui, il allait devoir le payer cher, très cher...
Le thème est vraiment sordide et m'a vraiment mis mal à l'aise mais je l'ai trouvé très intéressant et très justement dépeint. Et esthétiquement, Trapero qui a encore tapé dans le super intense et dans l'étouffant avec brio a par contre moins bien réussi l'histoire, lui qui d'habitude est très logique et mesuré dans ses scénarios. La fin par exemple m'a paru un peu bâclée et le dernier tournant m'a paru assez peu vraisemblable.
Était-ce vraiment nécessaire par exemple que le Polaco meure ou que le Gallo estropie le Zapa, ou encore que ces deux derniers s'expliquent à moitiés en public? Pour ma part je ne crois pas, je pense qu'il y avait mieux à faire.