Film absolument magnifique qui met face à face mais surtout côte à côte les gens riches et gens modestes, la responsabilité et la fatalité, l'honnêteté et le secret, le père et la mère, la piété et le pragmatisme, la colère et la honte, l'enfant et l'adulte, la fierté et la pitié. Le tout dansant autour du coeur de l'oeuvre : la tragédie la plus pure. Celle à laquelle on ne trouve d’échappatoire, celle pour laquelle on doit se résigner au sort des protagonistes et où tout sentiment d'injustice est injustifié.
La beauté du film réside aussi pour moi dans d'autres aspects :
- L'intelligence des relations. Aussi subtiles et inconséquentes soient-elles. Par exemple, Termeh qui agit tout le long comme "l'oeil de dieu" qui pèse sur son père. Et Náder pour se défendre, chaque fois que ce jugement devient trop pesant, lui balance le poids de la responsabilité en l'invitant à décider pour lui.
- La complexité et le doigté de l'intrigue qui est, il faut le dire, palpitante. J'avais les yeux écarquillés presque tout le long, raison pour laquelle j'ai haï le générique de fin que j'ai reçu comme une claque me réveillant.
- Le jeu des acteurs qui est globalement irréprochable et pour la plupart carrément remarquable. Contribuant grandement à une immersion parfaite.
- Le visage de Razieh dont la beauté et les mimiques me fascinent et dont le sentiment de compassion qu'il inspire porte en grande partie la douleur de cette tragédie.
- Le personnage de Hodjat, son mari, qui lui porte presque seul la dimension de l'injustice sociale qu'il tente par tous les moyens de raccrocher à la perte de leur enfant, même lorsqu'il n'y a pas raison de le faire. On apprend par exemple qu'il a déjà été victime au tribunal de cette injustice de classes. Sa frustration tout le long est criante et frappante.
Un des seuls reproches que j'aie pour ce film est son titre insensé, "La séparation de Simin de Náder" qui nous fausse le film. Car en effet leur séparation est loin d'en être le point central et peut de fait porter à croire à une volonté de l'auteur de lier de causalité la tragédie au départ de Simin et ainsi donner raison à tort à Náder quand il disait tel un roc au coeur de pierre que sa femme n'aurait qu'à se résigner et s'accommoder, chose établie lors de la première scène.
Malgré cela, j'ai compris en écrivant cette critique que ma note initiale de 4/5 ne correspond pas à la qualité de ce que j'y décris. Je réalise que ce film m'inspire plutôt l'adjectif "génial" et je lui attribue donc le maximum, qu'il mérite à mon sens clairement.
Je le conseille à tout le monde sauf bien sûr à ceux qui supportent mal le drame et le désespoir.