Séquelle tant attendue des fans de la première heure comme des retardataires qui, comme moi, n'ont découvert la série que plusieurs années après sa conclusion, "El Camino" nous invite à replonger dans cet Albuquerque post-Heinsenberg pour un ultime tango ; avec comme partenaire un Jessie Pinkman secoué mais toujours aussi magnétique.
Il va sans dire qu'avec Vince Gilligan aux commandes, on ne pouvait s'attendre qu'à du bon. Et pourtant...
Je vous arrête tout de suite : "El Camino" est une merveille de technicité. De la photographie à la direction d'acteur - même si certains accusent le poids des années, ou peut être des hamburgers (oui oui Todd, c'est à toi que je parle) ; en passant par la bande originale jusqu'à la construction des dialogues, tout, dans ce "film", est une réussite technique probante. Mais pourquoi les guillemets ?
Car c'est bien là qu'est le problème : El camino n'est pas un "film de cinéma". C'est un épilogue. Comme un dernier épisode que l'on aurait artificiellement allongé pour en faire un "long-métrage" (de plus de deux heures !). Autrement dit, c'est CREUX.
Le scénario, bien que "techniquement" propre, manque cruellement de substance. Jessie doit fuir ? très bien. Il a besoin d'argent ? D'accord. Mais alors le coup des "il manque 1800 dollars"... Sérieusement ?
On en viendrait presque à s'imaginer les producteurs, assis en rond autour du scénario d'1h30 se dire "Hmm, non, 1h30, c'est la durée d'un épisode de GoT. Nous, on fait un FILM. Eh ouais d'abord."
Je ne m'attarderai pas sur la thématique qui, si elle manque elle aussi de profondeur, correspond plutôt bien au personnage de Jessie Pinkman, et l'on ressent tout de même le chemin parcouru depuis l'époque où il se surnommait lui-même "Cap'n Cook".
En bref, "El Camino" est une oeuvre bâtarde, "à la croisée des caminos" (et oui, je suis très fier de mon titre) ; pas mauvaise mais pas bonne non plus, symptomatique selon moi d'une époque où la frontière entre "série" et "film" se fait - plus souvent pour le pire que pour le meilleur -, de plus en plus floue.