El Camino, c'est la marque de la voiture rutilante du blondinet Todd, neveu du suprémaciste Jack. Voiture avec laquelle Jesse Pinkman s'échappe à la fin du carnage qui cloture la série Breaking Bad. Sept ans après la fin de cette série mythique, son créateur Vince Gilligan exploite à nouveau ce que l'on peut dorénavant appeler une franchise. Utilisant une autre approche que le spin-off Better Call Saul, Gilligan prolonge le temps d'un long-métrage de 2h, l'histoire de Breaking Bad et de l'ancien élève de Walter White devenu trafiquant, Jesse Pinkman.
Jesse Pinkman est en cavale, recherché par la police et à la une de tous les médias. Le visage balafré, le dos couvert de cicatrices, les yeux fuyants, la barbe épaisse et crasseuse, Jesse ne ressemble plus guère à celui qui suivit son ancien professeur de chimie dans l'organisation d'un vaste et lucratif trafic de meth. Marqué physiquement, il l'est aussi psychiquement, lui qui fût emprisonné durant des mois dans une cage et torturé par Todd et ses acolytes.
El Camino, c'est aussi une victoire commerciale de Netflix. Piquer le premier film de cette franchise à son concurrent AMC n'a pas dû être une mince affaire. A l'heure de l'arrivée des nouveaux acteurs Amazon et Apple en tant que plateforme de vidéo à la demande, Netflix conforte sa place de leader du marché dont l'attractivité et les moyens permettent de proposer un contenu de qualité croissante. Preuve en est avec la sortie prévue le moi prochain de The Irishman, dernier film du maestro Martin Scorsese.
Les amoureux de la série retrouveront dans ce film l'atmosphère chaude et sèche du Nouveau-Mexique, représentée par un panel de couleurs jaune, beige, marron… La nostalgie occupe une part importante dans El Camino. Le téléspectateur va ainsi retrouver une petite dizaine de seconds couteaux de la série culte. Dans cette cavale présentée en road movie, l'acteur Aaron Paul a gagné en maturité. La mort de son maître et son évasion l'ont libéré de son statut d'éternelle victime. Les flashbacks sur sa période de captivité présentent peu d'intérêt si ce n'est de renforcer cette impression d'évolution.
Cet épilogue est mis en scène avec brio. Sobre, fluide dans son rythme et simpliste dans ses dialogues, El Camino est un exercice dans lequel Vince Gilligan semble plus à l'aise que dans la comédie goguenarde de son spin-off Better Call Saul. Loin d'être un chef d'oeuvre, le film a de quoi séduire un public très attaché à cet univers. En espérant toutefois que le filon cesse d'être exploité et que son orpailleur découvre une nouvelle mine.