Encore un bon film en provenance d’Argentine ! Ça devient une habitude ces dernières années.
El Presidente (La cordillera) aborde de manière très réaliste l’exercice du pouvoir au plus haut niveau. Herman Blanco, président argentin fraîchement élu, doit participer à un sommet entre chefs d’états latino américains au Chili, pour s’entendre sur une alliance pétrolière régionale qui ferait concurrence aux Etats Unis. Il s’agit de politique fiction, mais les différents chefs d’états des pays sud américains conviés au sommet, ressemblent fortement aux présidents existants ou ayant existé récemment "en vrai" dans la région.
Les enjeux politiques et économiques sont très importants pour le continent, pour le Brésil et son président initiateur du projet d’union, mais également pour l’Argentine et son nouveau président qui ne possède pas encore de stature internationale. Il a été élu tout récemment en faisant campagne en tant qu’"homme normal" et déjà parmi les journalistes s’élèvent des voix discordantes comme quoi il serait trop normal, transparent et pas à la hauteur de sa fonction. C’est dire si ce sommet est important pour lui.
Au même moment, l’ex mari de sa fille menace de déclencher un scandale de corruption pouvant l’éclabousser, alors qu’il s’est fait élire comme représentant du peuple, à la moralité irréprochable, cultivant l’image d’un homme intègre, blanc comme neige, au nom prédestiné de Blanco.
Pour protéger sa fille, il la fait venir auprès de lui, au Chili, pendant le sommet, mais celle-ci, fragile psychologiquement, n’est pas du tout facile à gérer et va même causer bien des tracas à son père.
Les deux intrigues qui se télescopent sont intenses, avec coté politique des tractations en coulisses pas toujours orthodoxes et coté relation père/fille une tension psychologique qui monte crescendo pour aboutir sur une belle séance d’hypnose en compagnie d'un psychiatre appelé à la rescousse.
Dommage toutefois, à mon avis, que l’histoire bascule à un moment dans l’irrationnel, parce que ça alourdit le propos et embrouille l’esprit du spectateur. Le mélange des genres (thriller politico-psychologique/fantastique) devient alors quelque peu indigeste.
La mise en scène de Santiago Mitre est très élégante. Les plans sur les monts enneigés de la Cordillère des Andes, sur les routes sinueuses qui conduisent au sommet, symbolisent à quel point les tractations peuvent être tordues et combien le pouvoir au plus haut niveau, isole les hommes d’état, coupés du monde.
L’interprétation est remarquable, et tout spécialement celle de Ricardo Darin, très charismatique, impénétrable politicien, dont on ne devine jamais les pensées et dont on ne découvre qu’à la fin de quel coté il va pencher, s'il va rester fidèle à ses idéaux ou s'il va se salir les mains.