Kaurismaki s’intéresse au problème des migrants syriens et irakiens en Europe, en faisant du Kaurismaki, c’est à dire avec un humour pince sans rire, une économie de mots dits et une mise en scène au cordeau.
A ce sujet, le début est superbe, avec Khaled, le jeune syrien, qui émerge littéralement d’un tas de charbon et qui en sort tout noir, comme un étranger clandestin qu’il est, à la recherche d’une douche pour passer inaperçu. Il faudra attendre bien 10 minutes, avant qu’on entende le son de sa voix., car dans les films de Kaurismaki, les personnages sont tous des taiseux et les migrants, remarquables d‘intégration, prennent le pli aussi.
Bien évidemment, le film évolue avec une certaine lenteur, les personnages avec une raideur certaine, mais l’humour et la musique rock jouée par de vieux musiciens font qu’on passe un bon moment. Les comédiens à trognes mûries par les ans et par l’alcool, participent également à notre plaisir. Et puis, chez Kaurismaki, même s’il exalte volontiers les valeurs de la dignité humaine et de la solidarité entre les personnes, il n’y a pas de naïveté angélique et les autorités font leur besogne sans sensiblerie, comme les loubards néo-nazis tabassent et poignardent consciencieusement sans s’émouvoir.
On pourrait peut être reprocher à Kaursimaki de justement prendre trop de distance avec son sujet et du coup de ne pas procurer beaucoup d’émotions, mais aussi considérer qu’il parvient à nous sensibiliser au parcours difficile de ces réfugiés qui fuient la guerre dans leur pays, sans pathos excessif, avec charme et élégance.
J’ai moins aimé que "L’homme sans passé" (plus profond), mais beaucoup plus que "Le Havre" (trop caricatural), son précédant film. L’autre coté de l’espoir est un bon film humaniste.