Je commence à être vraiment fan du cinéma argentin, et pourtant, je reviens de loin... à l'époque de Bombon el perro, j'aurais collé une moyenne d'une étoile à la production locale tant je restais sur le bord de la route de ces histoires soporifiques menées à un train de sénateur. Mais, depuis quelques années, j'ai eu tout le temps de changer d'avis, et c'est en partie dû à la filmo de Ricardo Darin à elle toute seule. Non, en fait, j'ai viré de bord sur Medianeras, que je vous laisse découvrir si vous n'avez pas déjà succombé au charme de ce petit film mélancolique très réussi. Pour l’œuvre qui m'occupe aujourd'hui, revoilà donc Ricardo Darin, pupilles cristallines et voix caverneuse, qui promène sa présence magnétique dans les couloirs feutrés d'une rencontre stratégique cruciale pour la région, dans le costume du Président de l'Argentine. Crédible et insondable. Une intrigue complexe à facettes étonnantes, filmée d'une façon faussement neutre, dans les paysages grandioses de la cordillère chilienne. Je ne dirai rien de l'imbroglio politique et personnel, qui mérite qu'on se laisse surprendre par ses multiples tiroirs, pour arriver à la fin, qui divise visiblement les spectateurs, les critiques que j'ai lues en faisant des interprétations diamétralement opposées. Le syndrome du pic-à-glace fait son retour... cette fois encore, j'avais pensé comprendre le retournement sensationnel orchestré par le réalisateur jusqu'à ce que d'autres que moi viennent me coller un doute (bien fugace, je fais plus confiance à mon analyse qu'à la leur, bien entendu...). Bref, tout l'intérêt du film est là, dans cette toute dernière séquence coupée au cordeau, n'apportant aucune explication et jouant à fond sur l'opacité du protagoniste, entouré d'un écosystème impitoyable rappelant la chaine alimentaire du jurassique. Donc, autant que chacun aille se faire son idée à soi, le voyage vaut le coup...