Plus crépusculaire et pessimiste que le premier volet de la future trilogie, "Election 2" est surtout passionnant par sa description précise des mécanismes (de politique et de corruption) qui permettent aux autorités chinoises de prendre progressivement le contrôle du fonctionnement sous-terrain de Hong Kong. Le désespoir final, au cours de deux scènes aussi retenues que puissantes, du nouveau chef de la Triade, qui s'aperçoit qu'il a été manipulé par les Chinois, et a hypothéqué à jamais sa liberté - et celle de son enfant à naître - élève clairement le film vers la tragédie politique et humaine. Au crédit également de Johnnie To, la remarquable virtuosité des scènes de violence, rares mais implacables, toutes d'une vraie intelligence par leur point de vue moral (pas de voyeurisme, juste du dégoût). Le problème de "Election 2", c'est d'être un film assez peu prenant, voire parfois légèrement ennuyeux, privilégiant finalement trop la forme par rapport à la tension narrative. [Critique écrite en 2007]