Un éléphant qui nous trompe énormément
Entre documentaire et fiction un peu relâchée et éparpillée, le septième film de l'argentin Pablo Trapero laisse une impression mitigée. Deux prêtres, un autochtone et un français exilé, le premier atteint d'une tumeur au cerveau et le second ayant échappé à la mort en Amazonie, travaillent ensemble à la reconstruction et à l'organisation d'un bidonville dans les faubourgs de Buenos Aires, développé autour d'un immense hôpital qui n'a jamais été terminé et s'est transformé en gigantesque cour des miracles où les narcotrafiquants règnent en maitres et imposent leur loi. La caméra de Pablo Trapero s'immisce, s'infiltre dans le labyrinthe étouffant et dangereux pour suivre les missions périlleuses des deux religieux secondés bientôt par une jeune assistante sociale. Comme s'il ne croyait pas en la force de son histoire principale, le réalisateur de Carancho croit bon d'y ajouter une intrigue sentimentale censée éprouver et mettre en doute la foi du jeune curé français (interprété par un Jérémie Rénier visiblement égaré dans cette aventure). On ignore d'ailleurs s'il parvient à résoudre son dilemme puisque, à nouveau, le film revient sur ses pas et passe la vitesse supérieure dans une issue tragique et violente. Tandis que le scénario apparait excessivement volontariste, la mise en scène manque de rythme et de souffle, nous laissant en marge de la lutte et de l'engagement des deux hommes.