L'éléphant blanc n'est pas une image : c'est le bidonville, sa crasse et son désespoir, mais aussi ses habitants qui ne font pas semblant d'avoir la force de s'accrocher. Ces forces, Trapero les comprend et les capte pour les mixer dans une œuvre sans genre, ou plutôt qui les a tous : drame, récit social, film de divertissement avec un arrière-goût de found footage et de documentaire, chacune de ses scènes utilise un dosage différent et rarement mal à propos, aux antipodes de sa première création Mundo Grúa.
Il est en revanche plus délicat de considérer cette mixité comme un atout. Le fait que le film ne soit pas juste un témoin de la situation sociale ni un simple divertissement l'empêche de prendre beaucoup de recul sur son sujet, si bien qu'il est loin d'être l'ouvrage consensuelle que l'on peut s'en figurer. Il n'y a pas de contrôle de ces sous-genres qui peuvent chacun prendre la main sur l'histoire à tout moment, même si c'est souvent très propre et solide dans la forme, et globalement "satisfaisant" si l'on met de côté l'incertitude sur sa vocation.
Poignant sur le coup, L'Éléphant blanc offre un récit qui nous plonge dans des décors parfaitement maîtrisés, mais c'est au spectateur de se créer les émotions qui vont avec. En effet, d'apparence plutôt sobre, il utilise trop de procédés différents pour un rendu lisse, aussi bien visuel que dans le fond. Il est, en somme, trop plein de son sujet pour laisser le temps de juste le ressentir.
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