Le non-échec quand il est marqué du sceau de la télé

Si vous entendez dire qu'il y a Cluzet dans ce téléfilm, c'est vrai, mais attention, fiez-vous plutôt à l'affiche car son rôle n'est pas grand. L'œuvre est aussi modeste que son sujet ; Ledoyen porte bien son personnage de « première femme syndicaliste », mais même elle ne parviendra pas à compenser les textes rédigés sans mesure pour faire bon genre et cohérent dans l'époque. C'est un peu triste car les dialogues sont foncièrement bons et le couple d'acteurs principaux aussi, mais les uns ne sont pas faits pour les autres. Il s'agit peut-être là d'une faiblesse de direction artistique, ou de trop d'ambition dans l'écriture.


L'atmosphère est présente quand les figurants ne bâclent pas leurs lignes. La place de l'anticléricalité est bien pensée, et chaque chose semble prendre juste le temps nécessaire pour être prise en compte sans rabâchage. Mais avec du recul, l'image générale est un peu différente ; le scénario évolue par hoquets, les transitions ne se faisant pas le moins du monde les convoyeuses d'un sens global qui aurait survécu d'une scène à une autre.


Drame social, petit film qui s'excuse de sa petitesse en se faisant l'honorable documentaire d'une cause naguère dignifiée, il y avait une ligne sur son cahier des charges qui disait : « doit durer quatre-vingt-dix minutes chrono parce que c'est pour la télé ». Il y parvient en donnant honteusement dans le mélodrame avec une conclusion tellement essoufflée qu'elle a besoin d'afficher un encart de texte pour rassurer le spectateur. Au moins le film mesurait-il ce qu'il était, et aussi accomplit-il sa mission sans prétention et avec quelque justesse, mais il demeure, à tous égards, le parangon du télécinéma.


Quantième Art

EowynCwper
3
Écrit par

Créée

le 25 août 2018

Critique lue 957 fois

7 j'aime

3 commentaires

Eowyn Cwper

Écrit par

Critique lue 957 fois

7
3

D'autres avis sur Mélancolie ouvrière

Mélancolie ouvrière
Caine78
5

Mélancolie télévisuelle

Évoquer le destin d'une des premières syndicalistes françaises ? Beau projet, logiquement mené par un Gérard Mordillat toujours aussi sensible à la cause des « travailleurs »...

le 23 sept. 2018

5 j'aime

Mélancolie ouvrière
Val_Cancun
5

Working girl

Une oeuvre d'utilité publique, mais qui peine à s'extraire de son statut de téléfilm engagé et démonstratif. "Mélancolie ouvrière" souffre notamment d'un déficit de moyens : la reconstitution s'avère...

le 26 sept. 2020

2 j'aime

Mélancolie ouvrière
Art-de-Mini
7

Lucie Baup, une pétroleuse !

Quel beau titre ou le féminin s’accorde au singulier Jamais trahi tout au long de ce film lyrique et très émouvant qui est plus une “célébration” qu’une fiction. Une comédie musicale et picturale...

le 27 juil. 2020

1 j'aime

1

Du même critique

Ne coupez pas !
EowynCwper
10

Du pur génie, un cours de cinéma drôle et magnifique

Quand on m’a contacté pour me proposer de voir le film en avant-première, je suis parti avec de gros préjugés : je ne suis pas un grand fan du cinéma japonais, et encore moins de films d’horreur. En...

le 26 oct. 2018

8 j'aime

La Forêt sombre
EowynCwper
3

Critique de La Forêt sombre par Eowyn Cwper

(Pour un maximum d'éléments de contexte, voyez ma critique du premier tome.) Liu Cixin signe une ouverture qui a du mal à renouer avec son style, ce qui est le premier signe avant-coureur d'une...

le 16 juil. 2018

8 j'aime

1

Mélancolie ouvrière
EowynCwper
3

Le non-échec quand il est marqué du sceau de la télé

Si vous entendez dire qu'il y a Cluzet dans ce téléfilm, c'est vrai, mais attention, fiez-vous plutôt à l'affiche car son rôle n'est pas grand. L'œuvre est aussi modeste que son sujet ; Ledoyen porte...

le 25 août 2018

7 j'aime

3