Remarqué pour "Citadel" et repassé dans l'oubli à cause du loupé "Sinister 2", le réalisateur irlandais Ciarán Foy fait donc son retour avec "Eli", un film d'épouvante que la Paramount a "gentiment" refourgué à Netflix pour une raison que l'on va vite comprendre...
Atteint d'une grave déficience immunitaire, le petit Eli ne peut plus entrer en contact avec le monde extérieur depuis des années. Heureusement pour lui, ses parents aimants ont saigné leurs comptes bancaires pour lui offrir un séjour dans un établissement ayant la réputation de guérir tous les patients atteints de cette pathologie. Dans le vaste manoir isolé et reconverti en maison de soins, Eli subit les différentes phases de son traitement mais, la nuit venue, des fantômes de ce qui semblent être d'anciens malades viennent le tourmenter...
La condition d'Eli et la spécificité de ce cadre médical qui lui est rattaché pouvaient laisser suggérer un film de fantômes qui allait sortir de la norme... On s'était bien fourré le doigt dans l'oeil jusqu'à se transpercer le crâne car, pendant les trois-quarts de sa durée, Eli est un long-métrage du genre complètement lambda que rien ne vient jamais bousculer dans son déroulement des plus prévisibles. Les apparitions surnaturelles (très très classiques mais pas honteuses) s'enchaînent aussitôt la nuit tombée, le petit Eli devient l'enquêteur "seul contre tous" malgré lui sur les secrets de l'établissement, Lily Taylor en directrice reste la plus énigmatique possible et les parents logés aussi de manière bien pratique dans les lieux apparaissent ponctuellement pour rajouter une bonne dose de drama à l'ensemble. Bref, "Eli" est tellement routinier dans sa progression qu'il échoue évidemment à provoquer le moindre frisson ou même un soupçon de tension.
Néanmoins, sur le terrain de la seule résolution de son mystère, le film réussit à intriguer en faisant fourmiller de nombreuses hypothèses dans la tête d'un spectateur plus très passionné par ce qu'on lui propose à l'écran mais qui attend patiemment le temps des révélations. Les pistes envisagées ne sont pas forcément des plus originales (le film en joue d'ailleurs, notamment par une réflexion amusante de Sadie "Stranger Things" Sink en adolescente apparaissant de façon inopinée) mais on en vient vraiment à se demander de quel côté la conclusion de "Eli" va bien pouvoir pencher.
Bonne nouvelle, celle-ci va avoir le mérite de surprendre par sa nature difficilement prévisible et va donner finalement à "Eli" ce qui lui manquait jusqu'alors : une petite patte singulière qui nous fait enfin comprendre ce qui a intéressé Ciarán Foy dans ce projet ! Mais, si l'idée est à saluer, son exécution, elle, va hélas se perdre dans une trop longue phase explicative manquant cruellement de naturel et de fluidité. Une excellente séquence (la "ronde" pour ne pas trop en dire) et les ultimes instants rendront tout de même justice à la surprise que peut représenter une telle révélation mais le côté laborieux avec laquelle elle nous est présentée ne parviendra jamais à faire oublier l'inanité de ce qui l'a précédé.
Ce n'est donc pas avec ce "Eli" que Ciarán Foy reviendra par la grande porte ! Son nouveau film a beau reposer sur une idée amusante faisant réellement son petit effet dans le dernier acte, elle ne compense pas un résultat global très oubliable...