J'ai peur de revoir Elisabeth ...
Découvrir ce film et par la même occasion HD1 (ah merci la TnT), hier soir, m'a fait l'effet d'un choc : et si, en 1999, lorsque j'ai découvert le premier opus de la saga consacrée à Elisabeth, j'avais eu toute ma tête.
Le choc a été rude. J'ai vieilli. Je vois deux atouts dans ce film qualifié d'Âge d'Or : Cate Blanchett campant une superbe Elisabeth, un véritable exercice de style d'actrice de haut vol et, tout en nuances positives, le rappel que la tentative d'invasion de1588 contre l'Angleterre par l'entremise de de Philippe II d'Espagne a, aussi, été provoquée par une souveraine soutenant de manière de plus en plus directe la piraterie à l'encontre des flottes espagnoles pillant le nouveau continent.
Voilà, c'est fait. Le positif est derrière nous. Historiquement l'ensemble est évidement romancé ; autant pour le XXè siècle je suis bien moins transigeant, autant pour des périodes plus lointaines, ça passe. Gladiator était truffé de conneries historiques, Kingdom of Heaven avait son lot de raccourcis plus ou moins lourds, cet Elisabeth ne déroge pas à la règle et, dans l'absolu, au risque de me répéter, ça peut passer. Oui mais voilà, il y a des limites et, la première, renvoie au fait de livrer un film correct. Shekhar Kapur livre une copie lourde, froide, insipide et chiante, surnaturellement pathétique.
Lourde comme cette musique omniprésente pour bien nous guider vers le pathos, seuls des soustitres manquant pour nous expliquer « là, c'est dramatique », « là, c'est grave », « là tu dois pleurer ». Rien que la mise à mort de Marie Stuart vaut son pesant de lourdeur.
Froide pour la distance mise avec ces persos : j'ai été incapable de m'intéresser au moindre d'entre eux. La romance Bess Throckmorton / Raleigh, ben non. Le jésuite et sa bande de conspirateur, zéro intérêt. Ce XVIè siècle tout propre, avec un peu de sang de temps à autres pour signifier que c'est une période cruelle, néant absolu.
Insipide et chiante dans ce non rythme : dès le départ on sait que la guerre menace, puis pause d'une heure pour parler amourette, retour à la guerre et conclusion. On nous promet une invasion, on poursuit chez Dawson pour les grands et on bascule dans le Soldat Ryan sur l'eau en mode Braveheart.
Pathétique dans cette Elisabeth qui a 50 ans est toujours aussi belle (faut croire que le XVI conserve), dans ces catholiques montrés en lumière ténébreuse, là où les protestants sont tous éclairés. Pathétique comme ces ralentis, ces zooms, des caméras qui tournent autour des héros (pour une danse, je ne dis pas, mais toutes les 5 minutes, c'est terrible). Pathétique comme cette bataille finale, ce cheval, cette tempête, cette fin avec éclairs et bougie éteinte pour Philippe II …
Je suis totalement passé à côté, mais alors totalement. Deux sœurs pour un roi apporte plus de finesse dans un film déjà pas du très haute volée. Kingdom of Heaven est aussi manichéen au possible, mais au moins on ne se fait pas chier pendant les 2/3 du film.
Alors 4, pour Cate et les décors. La série des Tudors est largement meilleure pour s'intéresser à cette Angleterre du XVIè et, conséquence immédiate, le film FRANCAIS, oui FRENCHIE TOUCH la Reine Margot va gagner un point de notation tant il semble puissant et immersif face à cet opus élisabétain. L'opus de Chéraud est plein de défauts mais, au moins, il vit, dispose d'un certain souffle et d'une folie bienvenue.