Désir meurtrier
Le contrôle et la manipulation sont des thèmes récurrents dans les films de Paul Verhoeven notamment quand ce dernier s’entoure de personnages féminins comme l’étaient Nomi (Showgirls) ou Catherine...
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le 26 mai 2016
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Et pas n'importe qui... Puisqu'il s'agit de Paulo, non pas Paulo la science aka feu le plus grand commentateur du Tour de France de tous les temps qui pourrait mettre en transe n'importe qui par la simple évocation de la chapelle de Montmorency fondée en 1592 par louis XII sur la montée finale du Galibier, mais plutôt... Paul... VERHOEVEN.
Ben oui, le hollandais violent, le mec le plus cool du 20ème siècle.
Le type qui a porté à bout de bras le cinéma hollandais.
Le type qui a réalisé le plus grand film sur la seconde guerre mondiale (Soldier of Orange).
Le type qui a réalisé le film le plus hardcore et le plus radical sur une jeunesse désespérée dans un pays de merde et sans espoir (Spetters).
Le type qui a fait le film médiéval le plus foisonnant (La Chair et le sang).
Le type qui a fait tous les plus grands films de sf quand il s'est embarqué pour Hollywood et qu'il a tout révolutionné (Robocop, Total Recall, Starship Troopers).
Le type a l'humour noir ravageur.
Le type au style coup de poing, brutal, qui va droit au but, et qui ne gaspille aucune seconde.
Bref un génie.
Ben ce type, vous voyez... Il va en France, et il réalise un film à la Richard Berry (au mieux), ou à la Yvan Attal (au pire, enfin vous pouvez intervertir à votre convenance).
On a là une sorte de mix foireux entre comédie de moeurs à la française, avec une grosse dose de cynisme et de misanthropie assez prometteuse, et du thriller à la française (donc par définition très mauvais).
Bizarrement je pensais que Verhoeven se casserait les dents sur le versant le plus français de son film, à savoir la comédie de moeurs placardant les vils bobos parisiens, mais c'est finalement là qu'il parvient à tirer ses meilleures scènes, et en particulier, le moment "fort" du film qui est la scène de la soirée de noël, plutôt habile et intéressante.
D'abord parce qu'il concentre tous les protagonistes centraux dans un espace assez réduit, et qu'il arrive à jongler avec un certain talent entre les différents personnages. Ensuite, parce qu'il y distille savamment le malaise, la tension (sexuelle), et une hypocrisie latente de plus en plus intenable.
A ce moment précis, j'ai reconnu enfin, partiellement, la patte du hollandais violent (ce qui explique d'ailleurs qui ma note ne soit pas plus basse), dans une scène qui renvoie un peu à celle du repas de "Turkish Delices" (mais avec bien moins d'intensité tout de même).
Maintenant, il faut également composer avec des dialogues assez ridicules, un jeu d'acteur plus que mauvais (mention spéciale au fils qui aurait sa place dans un sketch de Soda de Kev Adams sur w9, à la fois drôle malgré lui et gênant quand il tente de faire des vannes qui tombent à plat), une Huppert comme d'hab dure à supporter (perso j'y arrive pas), et une intrigue vide (on avance le récit en faisant baiser tout le monde avec tout le monde, super), et des histoires de jeux video moche dont tout le monde se branle.
Pour le côté thriller, on pourra longuement repenser au climax le plus ringard des 50 dernières années, qui pue le manque total d'imagination puisqu'on rejoue pour la 5ème fois la même scène, qu'on décide finalement de résoudre à l'arrache et n'importe comment.
Maintenant Paulo n'a jamais été un grand réal de thriller. Le 4ème homme (pas nécessairement mauvais, mais bien frustrant), Basic instinct c'était déjà pas bien bon, et ça frôlait souvent le simili hitchcock nanar, avec ce sentiment de voir des De Palma du pauvre.
Ben là, c'est d'autant plus ringard à cause de la french touch.
Faut dire que Laurent "Michel Leeb" Lafitte fait des merveilles lorsqu'il fronce les sourcils pour avoir l'air méchant (merde j'espère avoir rien spoilé de grave). On sent toute la puissance de la comédie française dans son froncement. Je vous avoue avoir frissonné, en me disant merde il fait vraiment flipper l'enfoiré.
Voilà. Paulo a réalisé un film pourri. Ca a suffit à gâcher ma journée.
Je retourne mater des replay du Tour de France pour la peine.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Bilan réalisateur - Paul Verhoeven, la brute qui aimait les femmes, Journal du roi lapin - Films (2016) et En 2016, mon mauvais goût s'est consolidé, et j'ai découvert...
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le 26 mai 2016
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