White Rich People Problems
Quand on disait, il y'a 10 ans que le circuit indépendant était le vent frais d'originalité qui manquait au cinéma américain, désormais, rien n'est plus mensonger au monde.
Que ca soit Fox Searchlight ou Focus Features, et j'en passe, chacun se dédie à créer des produits parfaitement hipsters, qui ne sont ni plus ni moins que des films se passant toujours à New York, sur des artistes ou des artistes en devenir qui découvrent entre deux trois morceaux de pop Française, que c'est dur l'amour.
Tout en s'evertuant à nous fait découvrir leurs immenses loft d'1 million de dollars, situé en plein Manhattan.
Ce format, c'est la progéniture pourrie gatée que nous laisse Woody Allen. Mais si au temps d'Annie Hall parler de la vie du quidam New Yorkais avait quelque chose d'insolite, aujourd'hui cela devient juste embarassant.
On a juste l'impression de voir une transposition outre-Atlantique des films du cercle "Garrel-Honoré" avec un peu plus de legereté (et definitivement plus de bagels).
Je ne vais pas faire ce procès à Ruby Sparks, mais quand je tente d'en analyser les défauts, j'en reviens forcément au produit hipster qu'il est censé être.
Alors quoi de neuf chez les amoureux d'Instagram ?
Un écrivain (original) campé par Paul Dano (encore plus original) qui à la suite d'un écrit narrant une relation qu'il aurait avec un personnage de fiction, la dénommée Ruby, la voit débarquer dans le monde réel.
Surprenant comme pitch hein ?
Oui, sauf que t'es gentil, mais Stranger than fiction, je l'ai déjà vu.
Et avec Paul Dano aussi bon acteur principal qu'une endive, les rires se font de plus en plus rares.
Il faut attendre les présences de Steve Coogan et Antonio Banderas pour espérer reveiller ses zygomatiques.
Cependant une partie du film vient vraiment éveiller l'interêt. Celle totalement impromptue ou Ruby débarquant chez la mère de son copain/créateur, se découvre une somme astronomique de gouts en commun avec cette dernière.
D'un coup, on reçoit une bifle qu'on attendait pas.
Ruby Sparks n'est que matérialisation d'un complexe d'Oedipe.
Elle représente tout ce que Calvin, le héros, a rejeté de sa mère, mais désire en même temps.
Ce coup subtil, ne sera finalement qu'un one shot.
On en revient très vite à de la soupe d'indé rom com, ou on peut prévoir à l'avance chaque étape du scènario.
La ou il devient beaucoup plus lourd est dans sa résolution.
La première chose que l'on apprend au délà du fait que Calvin soit un écrivain raté, est qu'il hait la solitude mais qu'il n'arrive pas à se socialiser.
Et à la fin, il ne fait rien pour se socialiser.
Donc à quoi bon avoir mis ca en place ?
Le héros après avoir fait des actes assez immondes, n'évolue pas. Il demeure jusqu'au dernier plan le même connard égocentrique.
Enfin, je passerais sur le happy end, aussi forcé qu'un sourire sur le visage de Jean Pierre Bacri, ou on se demande jusqu'ou est tombé le film.
Ne vous laissez pas bérnés, Ruby Sparks n'a rien à voir avec Little Miss Sunshine, précédent films des deux réalisateurs.
Si l'un était une comédie sur la compétition en Amérique et accepter sa famille, l'autre est un film sur un mec qui avait juste besoin d'aller sur Meetic.
C'est la qu'il faut voir qu'en réalité Dayton et Farris ne sont pas de vrais réalisateurs auteurs comme on l'attenderait du cinéma indé: ce sont juste deux très bons cadreurs qui savent bien s'entourer et eventuellement bien diriger un comédien quand ce n'est pas Paul Dano.
Le veritable génie de Little Miss Sunshine était peut être alors Michael Arndt, qui finalement l'a reprouvé 4 ans plus tard, en écrivant Toy Story 3.
Le scènario de Ruby Sparks, vient de Zoé Kazan qui joue son propre role.
Qui evidemment doit vivre a New York.
Qui doit écouter beaucoup de pop francaise.
Qui n'a pas peur d'écrire des films uniquement pour jouer dedans une femme "parfaite".
Et qui n'a pas peur de pondre un scènario qui plaira exclusivement à ses amis hipsters.