J'espérais pouvoir dire du bien de ce film, d’autant plus que j’appréciais que Jonathan Dayton et Valérie Faris n’aient pas cherché à faire quelque chose qui ressemblerait à un « Little Miss Sunshine 2 ». Seulement voilà, ils ont filmé une histoire écrite par Zoé Kazan (manque d’inspiration, angoisse du deuxième film où le public les attendrait au tournant ?) et si la petite fille d’Elia Kazan a du charme et un réel talent d’actrice, son histoire manque de mordant. Un film qui ne marquera probablement pas les esprits.

L’idée de base avait de quoi séduire. Un écrivain dont la créature de son fantasme préféré (très gnangnan) se matérialise « à l’insu de son plein gré » et vient bouleverser sa vie, intéressant. Oui mais, les péripéties et les personnages sont du niveau d’une série américaine calibrée. L’hommage à quelques grands écrivains (Francis Scott Fitzgerald et JD Salinger) tourne court quand on voit que la réussite littéraire est présentée avant tout comme une dévotion à ceux qui vendent beaucoup. D’ailleurs, le personnage du jeune écrivain (Paul Dano) ne donne jamais l’impression d’être un écrivain digne de ce nom. La seule vraie bonne scène qu’il a est celle où il explique que ses personnages l’habitent.

Cela colle évidemment avec ce qu’il vit. Oui mais, cette Ruby qui lui est tombée dans les bras sans qu’il comprenne comment ou pourquoi (aucune raison, mais c’est ça le fantastique, on s’en fiche un peu) il ne trouve pas mieux que de la façonner à l’image de ce qu’il souhaite en poursuivant l’histoire sur le papier au gré de ses propres lubies. Autant dire, que ça ne va pas bien loin et que le côté comédie est bien décevant.

Je mets donc :
- 1 point pour l’originalité de l’idée de départ, même si son exploitation laisse à désirer.
- 1 point pour Zoé Kazan, son charme et sa performance d’actrice (point que je serais bien tenté de retirer pour son scénario décevant, mais bon…la fin lui redonne un certain crédit, alors...)
- 1 point pour la seule vraie bonne séquence. Celle où Calvin et Zoé font la fête avec « Ca plane pour moi » de Plastic Bertrand. C’est rythmé et ça dit tout en quelques secondes.
- 1 point pour la scène où Zoé explique à Calvin en quoi le choix du nom de Scotty pour son chien est méprisant.

Moralité : les fantasmes conservent d’autant plus de force qu’ils restent à l’état de fantasme.
Electron
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le 6 oct. 2012

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