"Yes, you are responsible. When you act a certain way it leads people on." MAIS TA GUEULE!

J'attendais beaucoup de ce film, parce que je pensais qu'il allait tapper dans les clichés de la Manic Pixie Dream Girl et des auteurs (scénaristes, réalisateurs) indie qui mettent tous leurs fantasmes là dedans. D'autant que le scénario est écrit par une fille. Je pensais qu'il allait un peu explorer les failles de ce genre de personnages féminins creux et juste là pour donner un sens à la vie du personnage principal. Si même les femmes scénaristes se mettent à écrire pour un public "jeune homme blanc hétérosexuel", on va où avec les comédies romantiques?!

Attention aux spoilers, je pense qu'il va y en avoir.
Beaucoup de gens sur Senscritique commentent ce film en disant en gros "chouette comédie romantique" (ou "comédie romantique qui n'apporte rien" c'est selon!) mais je trouve que c'est pas si clair que ça que ce soit une comédie romantique. En aucun cas, j'ai trouvé ça léger et mignon. J'ai été mal à l'aise pendant tout le film. J'arrêtais pas de penser : "bon, quand est-ce qu'il va se rendre compte qu'il agit comme un sale con misogyne... allez, maintenant? non."
J'ai vraiment du mal à me situer là dessus. Ça n'a pas été une expérience agréable pour moi. Rien ne m'a fait rire ou sourire. Je ressentais juste de l'agaçement ou une espèce de tension malsaine face à cette relation fausse. Les scènes qui suivent le moment où Calvin écrit "Ruby was miserable without Calvin", quand elle reste collée à lui, qu'elle ne peut pas supporter qu'il aille même décrocher le téléphone, (je suis sure qu'il y a des gens qui rient lors de cette scène), mais personnellement elles m'ont horrifiée. En plus de ça, il ne lui témoigne pas spécialement d'attention, c'est comme si "c'est ma création, mon objet, je la possède, et ça ne me fait pas plus de bien que ça". J'ai trouvé ce passage pire que celui de la fin où, d'un coté, il est finalement honnête avec elle, même si il a un coté Dr. Frankenstein flippant.

Alors, je sais pas, peut être que la féministe qui est en moi prend les choses trop au sérieux.
Ce qui me gène c'est que le film a l'air trop superficiel, bonne petite comédie avec ses petits effets indé, et ça petite bande son sympa. Alors que ça traite d'un sujet qui aurait pu aller jusqu'au thriller. Je suis sérieuse!
Ou alors, si c'était vraiment pour donner foi en l'amour et ce genre de truc, il fallait plus développer le fait que Calvin essaie comprendre ses erreurs, de se faire pardonner, et être plus respectueux des femmes, et être capable d'envisager une relation dans laquelle il accepterait quelqu'un tel qu'il est (comme lui dit son ex, et cette scène est placée tard dans le film!!!). Ce qui est extrèmement ironique c'est que le récit de départ de Calvin, celui que son psy lui conseille d'écrire, est à propos de quelqu'un qui accepterait son chien Scotty pour ce qu'il est. Mise en abîme pure et simple. Et le gars il ne se rend même pas compte que c'est à lui de faire un effort dans ce sens là!!
Ré-écrire son histoire et se faire encenser pour son imagination, ça ne fait que cautionner ses actes (et en plus il se fait du fric dessus le petit saligaud). Et il récupère quand même la fille, avec lavage de cerveau, à la fin! La fin est décidément écoeurante.

Pourtant, je pense que le but c'était de dire aux gens, attention, les filles comme ça n'existent pas, et tu sais, tu ne dois pas projetter tes fantasmes d'une fille qui correspond à tes désirs (MPDG de base quoi) dans ta copine, et bouh, le slut-shaming c'est mal.
Mais je crois qu'il y a beaucoup de filles et de garçons (ouais, parce que le public de ce genre de film, c'est quand même les "jeunes" non?) qui vont passer à coté du message à cause de la façon dont est traité le film. Genre "oh si seulement je pouvais ressembler à Ruby, elle est tellement chou et pétillante" ou "j'aimerais un copain comme Calvin". NON. Pas un deuxième syndrome 500 Days Of Summer s'il vous plait!!!



PS: Hmm y a beau avoir des spoilers, l'avantage c'est qu'on ne comprend rien si on n'a pas vu le film. Si on l'a vu, c'est pas mieux.