J’ai dû prendre ce film trop au sérieux, alors que c’est une comédie (horrifique). Mais l’ambiance est vraiment malsaine, crade, et le gore abondant, et il ne semble pas excessif (par rapport à une comédie horrifique comme «Braindead») au point de ne provoquer que le rire. Là, c’était plutôt le dégoût, lors de la célèbre scène de «fellation», mais surtout lors de la scène du cauchemar.
«Brain Damage» raconte l’histoire d’un mec contrôlé par une créature étrange qui s’en sert comme symbiote en lui injectant de la substance euphorique dans le cerveau et en échange demandant assistance pour être nourrie de cerveaux humains. Constamment sous emprise de la sorte de drogue, le mec oublie sa copine et son frère et ne vit que pour recevoir une nouvelle dose. Il ne se souvient d’abord même pas des victimes qu’il a causées, mais commence à soupçonner quand il découvre du sang sur ses vêtements.
Le film suit donc de près cette vie absente et vide. Quasiment tout se passe de nuit, avec peu d’acteurs/figurants (petit budget oblige), et dans des lieux malfamés (night club, hôtel cheap et allée sombre en l’occurrence), ce qui crée une atmosphère d’isolement et d’oppression, en tout cas chez moi. Le protagoniste sent cette oppression malgré la drogue instillée, et essaie de se réfugier dans les couleurs vives des «trips». La scène dans l’hôtel souligne sa différence d’avec le reste du monde: il est toujours seul avec sa drogue, et c’est sa seule échappatoire (de quoi je ne saurais dire, vu que le film ne contient pas d’approfondissement du héros, il est peut-être juste con). Enfin, quand il apprend que par sa faute des gens meurent, il veut sevrer, et sauver ceux qu’il aime, mais sans aide extérieure toute sa bonne volonté s’étouffe. La scène avec le couple des précédents propriétaires d’Aylmer tentant de récupérer la source de leur joie démontre cette impuissance—alors qu’il aurait pu se saisir de l’occasion (et plus tôt aussi, dans la chambre d’hôtel), et après l’horreur suprême commise, pour flinguer la créature ou fuir, le mec le presse de lui injecter de son jus.
Oui, je pense que le film traite de l’addiction, et d’une manière directe; les conséquences s’en appliquent non seulement sur le patient, mais causent grand tort à l’entourage, voilà l’idée principale que je dégagerais. Ou alors, rien de tout ça n’est à prendre au sérieux, vu l’intelligence de tous les personnages et les acteurs formidables (hem), et la fin wtf. Ou alors c’est une fine satire, mais j’y ai rien vu.
Les acteurs sont tous mauvais mais ils sont compensés par les excellents (sauf les quelques incrustations de couleurs très eighties...) effets spéciaux (enfin, chacun son truc, et le mien c’est préférer les effets physiques aux CGI), et le gore insistant. Dure à regarder, la scène où le héros tire longuement son propre cerveau de son oreille m’a vraiment dérangé, mais peut-être là s’atteignit la catharsis. En tout cas, les différentes scènes d’horreur ne m’ont pas laissé indifférent, soulevant mélangés dégoût et fascination.
Le côté comédie est quand même assez présent: Aylmer lui-même est plutôt drôle (et dérangeant, par le décalage de son apparence et de ses actions avec sa voix insouciante), à noter sa chanson, le comportement des personnages est mal justifié et risible, et ils semblent tous être un peu stupides; j’ai remarqué aussi des détails drôles, comme le couple de gays et leur différence de gabarit, ainsi que le gars dans la douche, et le caméo du mec avec sa corbeille («Basket Case» http://youtu.be/ok7fOwdk2gc) Mais j’ai davantage perçu l’absence d’issue du protagoniste que la comédie et l’ironie du réalisateur (à défaut de satire, l’ironie est là pour sûr!).
La musique est bonne, et accroche.
Je sens nonobstant que «Brain Damage» m’a sali l’esprit. Cependant pas de margouillis ineffable comme «Les diarrhées de Tchernobyl»—mais d’horreur de qualité.