Le titre français est racoleur (l'original allemand ressemble moins à un livre pour le plage: Eristische Dialektik = Dialectique éristique), et ça plaît au chaland, MAIS
Schopenhauer passe d'abord beaucoup de temps à distinguer sa dialectique éristique des autres arts qui ont trait à la rhétorique, ce qui m'a semblé un peu inutile car très banal et ne méritant pas qu'on en fasse si grand cas, surtout qu'Aristote avait déjà écrit son livre sur les réfutations sophistiques. Il en remet une couche dans un addendum (qui est apparemment une partie rassemblant des notes et non un véritable addendum).
Après ça il donne la liste des stratagèmes. Mon problème majeur, c'est que ça n'a pas l'air d'une œuvre réfléchie. Il n'y a pas de tentative de systématisation, ce qui me fait dire que la gloire de ce livre tient à la gloire de son auteur. Les stratagèmes sont seulement numérotés mais non nommés (alors que certains ont des noms par ailleurs). Certains stratagèmes ont des exemples intéressants, d'autres, pourtant assez subtils (par exemple le 15), n'en ont pas du tout. Leur ordre ne suit pas une organisation apparente et claire.
Je suppose que c'est censé être bordélique et sarcastique (?), mais mon édition ne fournit aucun contexte hormis une postface de Franco Volpi traduite de l'italien (les sous pour payer un traducteur mais pas pour faire une présentation digne de ce nom!) dans le même ton que la préface de Schopenhauer, c'est-à-dire en insistant à nouveau sur les différentes approches de l'argumentation (additionné, ça prend sûrement les deux tiers du livre). Vu que le traité (le brouillon de traité plutôt) a été rédigé en 1830-31 et publié en 1864, Schopenhauer étant mort en 1860, on peut penser que la forme n'était pas finale.
[petit moment de recherches primitives]
En fait, je viens d'apprendre—MERCI wikipedia en anglais, et va te faire foutre wikipédia en français qui n'apportes rien—que Schopenhauer n'avait pas prévu que ce soit publié, mais visiblement la forme le satisfaisait (ça me rend méfiant envers les autres écrits du philosophe). Wikipedia m'apprend aussi que c'était considéré comme une suite de notes pour quelqu'un qui voudrait rédiger un vrai traité un jour. Ceci explique tout sauf le manque d'honnêteté des éditeurs. Ce dernier s'explique par la nature humaine.
Je mets 5 parce que le fond me paraît juste et très utile, tant pour un καλὸς κἀγαθός qui rechercherait la vérité que pour un connard fini.
P.S. Ma risible édition française comporte, sur la 4e de couverture: «Rédigé à Berlin en 1830-31, ce traité fut publié pour la première fois en 1864.» Non mais on s'en bat les couilles un peu de l'endroit de rédaction! Et pourquoi préciser "pour la première fois", alors qu'il est évident que si les dates de rédaction et de publication sont aussi différentes, c'est qu'il y a eu un accroc quelque part?..