En 2001, le réalisateur allemand Oliver Hirschbiegel se faisait remarquer avec son premier film L'expérience, avant d'être consacré en 2004 avec La Chute. Après un passage pas vraiment réussi aux états-unis avec Invasion et Diana, il renoue avec le cinéma de ses débuts, en mettant en lumière un héros méconnu de l'histoire. Il signe un film académique et ennuyeux, où la petite histoire ne rejoint jamais la grande histoire.
Le 8 Novembre 1939, Adolf Hitler échappe à un attentat dans une brasserie de Munich, dans laquelle il prononce une allocution. Son auteur, Georg Elser (Christian Friedel) est arrêté à la frontière suisse. Il est soupçonné d'appartenir à une mouvance communiste ou d'être sous l'influence d'une puissance ennemie. Un interrogatoire débute pour découvrir le nom de ses complices.
Un héros ordinaire, dans un film ordinaire. Oliver Hirschbiegel ne réussit jamais à rendre cette histoire vraie passionnante. Alors qu'on est face à un héros, on a surtout l'impression de se retrouver face à hédoniste voulant prouver que sa lâcheté n'est qu'une façade. Pire encore, sa motivation semble surtout venir de son désir de plaire à Elsa (Katharina Schüttler), la seule femme qu'il est vraiment aimé. Une femme mariée à un sympathisant nazi, partageant son temps entre battre celle-ci et vider des chopes de bière au bar du village. C'est difficile d'être en empathie avec ce "héros", dont l'attentat va être un échec. Son acte est celui d'un résistant face à un dictateur à la folie dévastatrice pour son pays et le monde. Il est difficile de ne pas saluer son courage et pourtant....
Avec le recul, comme avec des "si", c'est facile de juger, mais à la vue des faits, on peut aussi se poser des questions sur les choix du "héros". L'emplacement de la bombe est suspecte, certes les autres endroits ont surement dû être inspecté, vu que le führer a déjà été la cible d'une quarantaine d'attentats. Puis est-ce vraiment judicieux de se balader avec les plans de la bombe sur soi, tout en essayant de traverser la frontière pour se réfugier en Suisse, sans regarder les alentours ? Mais finalement, cela valait-il vraiment la peine de raconter cette histoire ? Ou du moins, avais-je envie de voir ce film ?
Le héros a la particularité d'être toujours bien coiffé, avec sa mèche bien en place, même après une séance de torture et des jours d'emprisonnement. C'est peut-être un détail, mais à l'image de son interprète Christian Friedel, cela devient vite agaçant. Le film fait des allers/retours pour comprendre quels événements a vécu le héros, pour en venir là. En fait, il ne se passe pas grand chose, en dehors du fait qu'il sifflote, joue de divers instruments, sait danser le tango, aime les femmes mariées et se comporte comme un lâche. J'oubliais, sa famille n'est pas très facile à vivre, mais tout cela est éludé, le plus intéressant restant son histoire d'amour impossible. Ce choix scénaristique n'aide pas le film à devenir passionnant. La romance est comme l'ensemble du film, fade.
L'émergence du nazisme est abordé avec légèreté. Elle se voit dans les changements au sein du village du héros, avec la croix gammée devenant de plus en plus présente sur les façades des bâtiments et aux bras des sympathisants. Mais c'est surtout le côté académique qui porte préjudice. C'est trop propre et on en revient à la coiffure du héros. On peut aussi le voir quand il travaille avec la suie sur son visage, où sur celui de son père. Cela manque de réalisme, de profondeur et on se retrouve devant un film trop lisse, trop parfait et trop ennuyeux. Même les scènes de tortures ne sont pas convaincantes. Alors certes, il y a un malaise et fort heureusement, sinon au lieu d'écrire cette critique, je serai entrain de dépecer des chatons, mais il ne semble pas vraiment marquer par ses séances. Cette absence d'empathie nuit au film. C'est très caricatural, avec une absence de psychologie, de profondeur, alors que le personnage, tout comme cet acte d'héroïsme avait tout pour être un moment éprouvant, ou du moins intéressant.
Oliver Hirschbiegel ne réussit pas à rendre son oeuvre passionnante. La petite histoire dans la grande histoire, ne trouve jamais le souffle dont elle a besoin pour la rendre captivante. Cela permet au moins de découvrir ce personnage, ce "héros" ordinaire, dans un film quelconque.